Trouble alimentaire ou pas? Connaître les signes avant-coureurs de l’anorexie et de la boulimie chez les enfants et les adolescents
3 février 2014
Nous avons tous connu, à l’occasion, des moments où une petite voix dans notre tête essayait de nous dénigrer et de nous faire sentir bien imparfait. Pour les personnes qui souffrent de troubles alimentaires, les appels de cette voix sont répétitifs et dévorants.
Se préoccuper de son image corporelle est courant dans notre société. Mais, à quel moment se préoccuper de son poids et de ce qu’on mange se transforme en une dangereuse obsession considérée comme un trouble alimentaire?
Reconnaître les signes
La Dre Holly Agostino, spécialiste en médecine de l’adolescence à l’Hôpital de Montréal pour enfants, affirme que même si chaque cas est différent, il existe des signes que tous les parents peuvent rechercher et qui pourraient indiquer que leur enfant souffre d’une forme quelconque de trouble alimentaire. Parfois, les signes sont évidents, parfois ils sont plus subtils. En voici quelques-uns :
- grande préoccupation pour son alimentation, son poids, le nombre de calories et l’idée que les gens se font de son apparence;
- changement dans les habitudes alimentaires (éliminer les desserts et les aliments riches en gras, compter les calories, exprimer le désir de manger seul);
- excuses pour éviter de manger avec le reste de la famille : « j’ai déjà mangé », « je n’ai pas vraiment faim », « je vais manger plus tard »;
- faible estime de soi;
- retrait social;
- conviction d’être gros alors que le poids est normal ou inférieur à la normale;
- colère ou refus de reconnaître avoir un problème
Ces signes peuvent révéler un trouble alimentaire en développement, tandis que des signes plus sérieux peuvent indiquer qu’un enfant ou un adolescent a déjà adopté des conduites alimentaires désordonnées. Voici certains états ou symptômes de troubles alimentaires cliniques.
Anorexie mentale
Les enfants et les adolescents qui en souffrent ont tendance à :
- refuser de garder un poids normal ou au-dessus de la normale pour leur groupe d’âge;
- suivre des régimes alimentaires très restrictifs, souvent accompagnés d’exercices excessifs;
- penser qu’ils sont trop gros malgré une perte de poids considérable;
- être extrêmement préoccupés par leur poids et leur silhouette;
- avoir excessivement peur de prendre du poids.
Boulimie
Les enfants et les adolescents qui en souffrent ont tendance à :
- manger bien au-delà de leur faim de façon incontrôlée;
- manger en secret ou entre les repas;
- se sentir honteux et coupables de manger, et dès lors adopter des comportements compensatoires répétés de « purgation », comme se faire vomir, faire un emploi abusif de laxatifs, de pilules amaigrissantes ou de diurétiques, ou s’entraîner à l’excès.
Troubles de conduites alimentaires non spécifiés
Les enfants et les adolescents qui en souffrent ont tendance à :
- adopter différents comportements liés à l’anorexie ou à la boulimie sans que ces comportements correspondent spécifiquement à une catégorie médicale en particulier.
Diagnostiquer un trouble alimentaire
« Autrefois, le diagnostic du trouble alimentaire reposait davantage sur le poids du patient, explique la Dre Agostino. Aujourd’hui, tout enfant ou adolescent qui fait une très forte fixation sur son alimentation et son poids, qui est extrêmement inquiet et anxieux à l’idée de prendre du poids et qui a une piètre image de son corps est considéré comme ayant un trouble alimentaire sous une forme ou une autre – même s’il a un poids normal ou est en surpoids. »
Le dépistage précoce des principaux signes d’un trouble alimentaire est donc extrêmement important et requiert le soutien et l’attention de tous les membres de la famille.
Le diagnostic tardif d’un trouble alimentaire peut avoir des conséquences extrêmement dangereuses, car la personne peut souffrir de très graves problèmes de santé dus à ses habitudes alimentaires. « Les patients qui ne suivent pas de traitement pour leur trouble alimentaire peuvent souffrir d’arythmie cardiaque, d’une déchirure de l’œsophage, de reflux, d’érosion dentaire, de fragilité osseuse et de perte de cheveux; ils peuvent aussi présenter de graves problèmes cardiaques et de tension artérielle à cause du ralentissement de leur organisme dû à la malnutrition et à la privation », explique la Dre Agostino.
Que faire si vous soupçonnez que votre enfant a un trouble alimentaire?
« C’est très important que les parents parlent à leurs enfants s’ils remarquent des changements de comportement, en particulier dans leur façon de parler d’eux-mêmes et de leur corps », précise la Dre Agostino, qui conseille aussi aux parents de parler à leur pédiatre ou médecin de famille si ces comportements persistent.
Si un enfant formule des demandes spéciales concernant son alimentation, la Dre Agostino conseille de ne pas y céder, car ça pourrait ancrer des comportements malsains. « Encouragez votre enfant à manger en famille, et non pas seul dans une pièce séparée; et faites en sorte que tout le monde mange la même chose », précise-t-elle.
Finalement, la Dre Agostino affirme que mettre l’accent sur des choix alimentaires sains et une image corporelle positive est le meilleur antidote aux troubles alimentaires. « Les parents ont une grande influence sur la vie de leurs enfants, et il est important de souligner que les enfants reproduisent les comportements qu’ils observent autour d’eux. »