Des techniques révolutionnaires développées dans les années 1990 ont transformé la vie de plusieurs enfants et leur ont permis de devenir des adultes autonomes
13 juin 2013
Une étude de 20 ans montre que la radicellectomie sélective est bénéfique à long terme.
Communiqué de presse
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Une étude de 20 ans montre que la radicellectomie sélective est bénéfique à long terme
Montréal, Québec – le 11 juin 2013. La radicellectomie dorsale sélective (RDS) est une intervention chirurgicale qui permet de traiter la spasticité des enfants atteints de paralysie cérébrale spastique. Cette procédure semble donner de bons résultats. Mais sont-ils durables? Des chercheurs de Montréal* ont voulu répondre à cette question en étudiant le contenu de la base de données sur la radicellectomie de l’Université McGill, qui porte sur 102 patients pédiatriques ayant bénéficié d’un suivi à long terme. Les chercheurs ont constaté que, pour la majorité d’entre eux, les avantages de la RDS ont perduré pendant l’adolescence et le début de l’âge adulte. Les résultats détaillés de l’étude sont présentés et analysés dans l’article « Long-term functional benefits of selective dorsal rhizotomy for spastic cerebral palsy. Clinical article », de Roy W. R. Dudley, M.D., et ses collègues, publié en ligne aujourd’hui, avant la version imprimée, dans le Journal of Neurosurgery: Pediatrics (http://thejns.org/doi/full/10.3171/2013.4.PEDS12539).
Le terme « paralysie cérébrale » (PC) sert à désigner divers troubles du mouvement, du tonus musculaire ou de la posture. La PC est causée par le développement anormal du cerveau ou par une lésion qui touche la région du cerveau responsable des activités motrices. Elle peut se manifester avant, pendant ou tôt après la naissance, et toucher divers muscles. La paralysie cérébrale spastique est un type de PC qui se caractérise par une tension ou un tonus musculaire accru entraînant une raideur et des mouvements spastiques. Les études ont démontré que la fonction motrice des jeunes atteints de PC spastique peut stagner durant l’enfance, puis décliner durant l’adolescence. Par conséquent, l’intervention précoce est cruciale si l’on veut améliorer la motricité de ces enfants et conserver ces gains de fonction musculaire au fil des ans afin qu’ils puissent devenir de jeunes adultes productifs.
La RDS est souvent pratiquée chez les enfants atteints de PC spastique et vise à réduire la spasticité. Pendant l’intervention, on stimule électroniquement les terminaisons des fibres nerveuses qui acheminent l’influx nerveux des muscles à la partie dorsale (le dos) de la moelle épinière afin de déterminer lesquelles transmettent les influx qui provoquent la raideur musculaire et les réflexes exagérés que l’on appelle « spasticité ». On sectionne ensuite les fibres qui provoquent cette spasticité, sans toucher à celles qui acheminent des influx nerveux normaux. L’objectif consiste à diminuer la spasticité du muscle sans nuire à la fonction musculaire. Cette technique s’est révélée efficace chez certains patients, mais aucune étude sur les effets à long terme de la RDS s’appuyant sur des évaluations fonctionnelles validées et sur un échantillon stratifié de patients n’avait été publiée avant celle-ci.
Un examen de la base de données sur la radicellectomie de l’Université McGill a permis aux chercheurs de sélectionner 102 enfants atteints de PC spastique qui ont subi une RDS entre 3 et 10 ans et qui ont été évalués par une équipe multidisciplinaire avant la chirurgie et périodiquement par la suite. Ils ont eu accès aux données préopératoires de tous les patients et aux données postopératoires de 97 patients après 1 an, de 62 patients après 5 ans, de 57 patients après 10 ans et de 14 patients après 15 ans. Ils ont procédé aux évaluations en utilisant, entre autres, les cotes des activités quotidiennes des enfants, l’échelle d’Ashworth qui vise à mesurer le tonus musculaire des membres inférieurs, le système de classification de la fonction motrice globale (GMFCS), l’Évaluation motrice fonctionnelle globale (GMFM) et le modèle à trajectoires fondé sur des groupes (GBTM).
En évaluant les données de ces enfants, obtenues à la suite d’une RDS, les chercheurs ont découvert que des améliorations statistiquement significatives du tonus musculaire des membres inférieurs, de la fonction motrice globale et de la capacité de faire des activités au quotidien avaient été constatées chez la majorité des patients. Ces améliorations ont perduré pendant l’adolescence et le début de l’âge adulte. Les chercheurs ont également noté que des améliorations durables de la fonction motrice étaient le plus souvent observées chez les groupes de patients les plus actifs, en particulier chez : 1) les enfants ayant une fonction motrice globale préopératoire supérieure, comme ceux qui étaient capables de marcher seuls ou avec des appareils d’aide à la mobilité (GMFCS, groupes I à III); 2) les enfants dont la spasticité visait deux membres, plutôt que trois ou quatre; et 3) les enfants dont la spasticité touchait les muscles adducteurs de la hanche de façon modérée (résultat inférieur à 3 sur l’échelle d’Ashworth). Les chercheurs ont également remarqué qu’à la suite d’une RDS réussie, les enfants avaient moins besoin de chirurgies orthopédiques additionnelles ou d’injections de Botox pour contrôler la spasticité.
Lorsqu’on a demandé au rédacteur principal, le Dr Jean-Pierre Farmer, ce que l’on pouvait retenir de cette étude, il a mentionné : « Grâce à cette étude, nous avons confirmé que le changement apporté à la démarche du patient à la suite de la chirurgie est durable (voire permanent) et “protège” les enfants contre l’évolution naturelle de leur condition. Si l’étude montre que tous les patients ont réalisé des gains dans leurs activités quotidiennes, elle nous a également permis d’établir des objectifs ambulatoires adaptés au niveau fonctionnel préopératoire de l’enfant au moyen d’indicateurs de prévision. La capacité de prévoir les effets à long terme de la RDS sera bénéfique pour les équipes soignantes et les familles au moment de la prise de décision quant au traitement. »
* Cet article est le fruit d’un programme conjoint entre l’Hôpital de Montréal pour enfants et l’Hôpital Shriners pour enfants® – Canada à Montréal. Les auteurs de cette étude proviennent d’établissements de Montréal, au Canada : l’Hôpital de Montréal pour enfants, l’Hôpital Royal Victoria, l’Hôpital Shriners pour enfants – Canada, l’Université McGill et l’Université de Montréal.
Dudley, R.W.R., M. Parolin, B. Gagnon, R. Saluja, R. Yap, K. Montpetit, J. Ruck, C. Poulin, M.-A. Cantin, T.E. Benaroch, J.-P. Farmer. « Long-term functional benefits of selective dorsal rhizotomy for spastic cerebral palsy. Clinical article. »Journal of Neurosurgery: Pediatrics, publié en ligne, avant la version imprimée, 28 mai 2013; DOI : 10.3171/2013.4.PEDS12539.
Déclaration d’absence de conflit d’intérêts : Les auteurs ont déclaré ne pas être en situation de conflit d’intérêts au sujet des documents, outils et méthodes qui ont servi à cette étude ou des résultats mentionnés dans le présent article.
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