Au-delà des mots : les orthophonistes jouent un rôle clé dans les soins pédiatriques
4 mai 2016
Que fait un orthophoniste ? Voilà une question que Caroline Richer entend souvent. « Comparé à la situation il y a une dizaine d’années, il y a maintenant plus de gens qui connaissent notre métier, dit Caroline. Ce que bien des gens ne réalisent toutefois pas, c’est à quel point notre travail est varié, en particulier dans un hôpital pédiatrique comme l’HME. »
Caroline est l’une des sept orthophonistes qui travaillent à l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME), et ce qu’elle fait montre à quel point son travail est varié. Elle voit des patients hospitalisés qui ont des tumeurs cérébrales ou des traumatismes cérébraux, mais elle intervient aussi auprès des patients de la clinique du développement, de la clinique des troubles du spectre autistique et de la clinique de suivi néonatal. Souvent, les orthophonistes se spécialisent dans le domaine de la parole ou du langage; dans le cas de Caroline, son travail porte souvent sur les aptitudes langagières.
Évaluer les aptitudes langagières
« Une grande partie de mon travail consiste à évaluer les aptitudes langagières d’un enfant, c’est-à-dire sa compréhension et son expression. Le langage expressif inclut le vocabulaire, la grammaire, la façon d’utiliser la langue ainsi que la capacité à produire des sons », explique Caroline. « Les traitements que nous recommandons dépendent des résultats de cette évaluation. » Les patients que Caroline rencontre en clinique ont généralement moins de 5 ans, mais ses patients hospitalisés peuvent avoir jusqu’à 18 ans. « J’adore la variété qu’apporte le travail dans un hôpital d’enseignement pédiatrique ancré dans un contexte multiculturel comme Montréal. Nous faisons régulièrement des évaluations bilingues ou multilingues, et nous travaillons souvent avec des interprètes. »
Caroline accorde aussi beaucoup d’importance à son rôle d’éducatrice clinique. Dernièrement, ses étudiants ont proposé sa candidature pour un Prix d’excellence en enseignement clinique. « J’adore l’environnement trépidant de l’HME et le fait de ne pas toujours savoir ce qui s’en vient. Nous devons souvent composer avec de nouveaux défis, mais travailler en équipes multidisciplinaires est un atout formidable qui apporte beaucoup aux patients. »
Caroline explique que le mandat du département d’orthophonie priorise les évaluations, mais que récemment, on a créé les conditions nécessaires pour offrir aux patients un traitement diagnostique après l’évaluation. À la suite de l’évaluation ou du traitement diagnostique, plusieurs patients sont dirigés vers les CLSC ou les centres de réadaptation pour la suite des traitements. Les orthophonistes du département aident à coordonner la continuité des services dans la communauté.
Apprendre par le jeu
De très nombreuses techniques de stimulation du langage sont basées sur le jeu, et les orthophonistes utilisent souvent les jouets et les traitements axés sur le jeu avec leurs jeunes patients. « Par conséquent, les enfants sont généralement contents de nous voir », dit-elle en riant. L’utilisation du jeu aide aussi les orthophonistes à enseigner aux parents ce qu’ils peuvent travailler à la maison. « Apprendre aux parents ce qu’ils peuvent faire pour maximiser la stimulation du langage chez leur enfant est un élément essentiel de nos évaluations, et pour ma part, c’est quelque chose que je suis toujours ravie de faire. »
Quant à son travail avec les patients hospitalisés, Caroline raconte : « Parfois, les gens me demandent comment je fais pour travailler avec des enfants qui sont malades. Je dois dire que même si plusieurs de ces enfants ont d’énormes défis à relever, ils font souvent beaucoup de progrès. Alors je sens que je les aide, eux et leur famille, à traverser ces moments difficiles. »
Il y a un patient en particulier qui lui vient à l’esprit : un jeune garçon qui avait perdu l’usage de la parole après un diagnostic de tumeur au cerveau. « J’ai travaillé avec lui pendant trois à quatre mois, et il a réappris des mots, puis des phrases; puis nous avons travaillé sur des éléments plus subtils, comme le contrôle du volume de sa voix. Quand nos séances ont pris fin, ç’a été très difficile de leur dire au revoir à lui et à sa mère, mais nous étions tous vraiment ravis de ses progrès. »