Gérer et prévenir la psychose : un travail d’équipe
7 octobre 2016
L’approche intensive de la clinique de pédopsychiatrie de l’Hôpital de Montréal pour enfants aide à réduire le nombre d’hospitalisations et de rechutes et à prévenir le suicide chez les patients qui vivent un épisode de psychose
Environ trois personnes sur 100 connaîtront un épisode psychotique au cours de leur vie. Et bien que la psychose soit une maladie grave qui nécessite un traitement rapide, un grand nombre de personnes se remettent bien d’un premier épisode de psychose et n’en connaissent jamais d’autres. Selon les experts, la clé c’est un traitement rapide et efficace qui permet aux adolescents de reprendre le cours de leur vie normale le plus rapidement possible.
Grâce à l’approche novatrice et intensive de la Clinique du premier épisode psychotique de l’Hôpital de Montréal pour enfants, c’est exactement ce qu’ont les patients vulnérables hospitalisés en raison d’une psychose : tous les soins et le soutien dont ils ont besoin le plus tôt possible, avec pour résultat de nombreuses retombées positives.
Comprendre la psychose
Un premier épisode de psychose survient généralement à la fin de l’adolescence ou au début de la vingtaine. « Quand on dit qu’une personne vit un épisode de psychose, on fait référence aux symptômes qui indiquent que cette personne a perdu contact avec la réalité », explique Michèle Paquette, gestionnaire clinique au département de pédopsychiatrie de l’Hôpital de Montréal pour enfants. « Parmi les symptômes de la psychose, notons le comportement erratique, un isolement croissant, la peur des autres, le manque de concentration et les pensées paranoïaques. Il est extrêmement important d’aller au fond des choses pour trouver ce qui cause les symptômes d’un patient afin de pouvoir s’y attaquer le plus tôt possible. »
Il peut y avoir bien des raisons pour lesquelles un patient vit un épisode psychotique, comme un déséquilibre chimique ou hormonal, un abus de drogues, une maladie mentale non traitée ou une autre maladie sans rapport. « La psychose n’est pas causée exclusivement par une maladie mentale; elle peut aussi être présente dans le contexte d’une autre maladie, explique Michèle. Notre but, c’est de faire une évaluation médicale le plus tôt possible afin de découvrir pourquoi ces symptômes sont présents et de comprendre ce qui peut déclencher une telle réponse. »
Un modèle unique pour traiter les patients rapidement et efficacement
Inspirée d’un modèle clinique introduit à l’Hôpital Douglas en 2008, la Clinique du premier épisode psychotique existe depuis environ quatre ans à l’Hôpital de Montréal pour enfants; il s’agit de la seule clinique du genre au Québec à traiter les patients de moins de 16 ans. Les membres de l’équipe, qui comprend un psychiatre, un ergothérapeute, un travailleur social, un psychologue, une infirmière et des conseillers sociaux, interviennent pour élaborer un plan de soins qui repose largement sur la psychoéducation, en travaillant avec les familles, les écoles et les ressources communautaires afin que les patients passent moins de temps à l’hôpital et plus à la maison, épaulés par un réseau de soutien.
« Ce que nous savons, c’est qu’une intervention rapide et intensive auprès d’un patient qui vient de vivre un épisode psychotique diminue grandement la probabilité de développer des problèmes chroniques plus tard; elle se traduit par un moins grand nombre d’hospitalisations et de rechutes chez les patients, rapporte Michèle. Nous nous efforçons de faire en sorte que les patients soient évalués dans les 24 à 72 heures suivant un épisode, et nous faisons immédiatement le lien avec les partenaires de la communauté pour que les patients bénéficient rapidement d’un suivi intensif près de la maison, ou en consultation externe, et qu’ils prennent bien leurs médicaments tels qu’ils leur ont été prescrits. »
L’instinct du parent : une clé
Quand il est question de la santé mentale des enfants et des adolescents, Michèle insiste pour dire que les parents devraient toujours faire confiance à leur instinct et consulter un professionnel de la santé s’ils remarquent un changement de comportement chez leur enfant. « On change beaucoup quand on devient adolescent, mais certains comportements vont bien au-delà du passage à l’adolescence. Il est important de parler à votre enfant si vous remarquez des changements, et de l’amener voir un professionnel de la santé – au CLSC ou dans une clinique de médecine familiale – pour pousser plus loin l’investigation. Il est possible qu’il y ait un problème physique qui contribue à ces comportements. »
L’avantage de demander de l’aide tôt et d’être proactif, selon Michèle, c’est que les patients se remettent remarquablement bien. « La mise en place d’un suivi étroit et intense dès que ces changements de comportement apparaissent crée une relation de confiance avec les professionnels de la santé, ce qui assure une meilleure adhésion au traitement », ajoute-t-elle.
Qui plus est, ça fait en sorte que les patients se sentent mieux outillés pour faire face à des déclencheurs similaires qui pourraient survenir dans l’avenir, en développant des stratégies d’adaptation pour la vie. Cependant, les principaux avantages se voient dans la façon dont cette stratégie permet de réduire grandement le risque de suicide chez une population de patients particulièrement vulnérables.
« Intervenir tôt et de manière intensive présente de très nombreux avantages, mais la plupart d’entre eux se voient vraiment à long terme. Dans l’ensemble, les patients sont moins hospitalisés, ils font moins de rechutes et ils ont généralement moins de problèmes chroniques plus tard au cours de leur vie. C’est extrêmement positif », affirme Michèle.
« Dans une très large mesure, les patients que nous voyons dans notre clinique pourront reprendre le cours de leur vie normalement et poursuivre leurs buts sans jamais connaître d’autres épisodes psychotiques. Quand on pense au grand nombre de patients vulnérables que nous pouvons vraiment aider en appliquant cette stratégie, c’est très encourageant. »