Au-delà des mots : une interprète entretient de forts liens avec sa communauté
20 juin 2017
Le 21 juin marque la Journée nationale des autochtones : une occasion pour tous les Canadiens et Canadiennes de reconnaître et de célébrer l’héritage unique, les cultures diverses et les contributions exceptionnelles des membres des Premières nations, des Inuits et des Métis. Le Programme de santé du Nord de l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME) offre des soins et des services aux collectivités des Premières nations depuis plus de deux décennies. Pour plusieurs familles qui se déplacent à Montréal, et à l’HME, les visites à l’hôpital sont facilitées par la présence de personnes comme Eva Saganash, une interprète qui travaille pour le Conseil Cri de la santé. Ce dernier offre des services sociaux et des services de santé aux collectivités du territoire cri de la Baie-James.
Eva est originaire de Waswanipi, et elle vit et travaille à Montréal depuis ses 20 ans. Elle a commencé à travailler pour le Conseil Cri de la santé plus tard dans sa carrière. « Auparavant, j’ai travaillé pour une grande entreprise, mais quand mon poste a été aboli, j’ai pensé qu’il était temps de travailler avec les gens de ma communauté, dit-elle. Un jour, un ami m’a suggéré de poser ma candidature au Conseil Cri de la santé. » Eva a commencé à travailler dans les bureaux, mais quelques années plus tard, on lui a demandé si elle aimerait travailler comme interprète. « J’ai d’abord pensé que ce serait totalement différent, puis je me suis dit : “pourquoi pas” », raconte-t-elle.
Apprendre dans l’action
« Interpréter, ça s’apprend par la pratique, et Daisy Benjamin, récemment retraitée, m’a formée quand je suis arrivée à l’HME », rapporte Eva. Ces dernières années, Eva a travaillé principalement auprès des patients cris de l’Hôpital Royal Victoria, mais il lui arrive encore à l’occasion de travailler avec les familles de l’HME. « Les personnes âgées ont besoin d’interprètes lors de leurs visites médicales, parce que souvent, elles ne parlent ni l’anglais ni le français », dit-elle. Et bien que la plupart des jeunes familles parlent anglais ou français, l’aide d’Eva est parfois très appréciée. « Un jour j’accompagnais une femme qui parlait anglais; après lui avoir donné les renseignements de base pour les tests et la paperasserie, je me suis levée pour partir, raconte Eva. Mais elle m’a demandé de rester parce qu’elle était nerveuse et voulait s’assurer de bien tout comprendre ce que le médecin lui disait. Donc parfois, il faut essayer de comprendre ce que pensent et ressentent les patients, pas uniquement ce qu’ils disent. »
Quand on lui demande si elle aime son travail, Eva répond : « Je l’adore. » Il y a quelques années, elle a pris une courte retraite, mais elle n’a pas hésité un instant quand on lui a demandé si ça lui plairait de reprendre le travail. « Je ne veux pas rester assise à la maison à fixer les murs ou regarder la télé, dit-elle. Mon travail me met constamment en contact avec de nouvelles personnes. J’ai même rencontré des gens avec qui j’ai étudié au secondaire, mais que je n’avais plus revus depuis. Ils disent : “J’avais entendu dire que tu étais à Montréal, mais je ne savais pas que tu faisais cela!” C’est toujours plaisant quand ça arrive. »