Une journée dans la vie de… deux technologistes médicales!
5 mars 2018
Dimitra Sklavenitis et Nadine Boudreau forment une équipe du tonnerre. Elles travaillent ensemble depuis moins d’un an, mais on dirait que ça en fait dix! Elles se font rire l’une l’autre, et elles font rire leurs patients. Il arrive même qu’elles coordonnent leur habillement. « Aujourd’hui, nous avons opté pour le thème des superhéros, s’esclaffe Dimitra. Les patients adorent ça, et leurs parents aussi! »
Nadine et Dimitra sont technologistes médicales, mais le personnel d’hôpital en parle souvent comme des techniciennes du sang. Elles passent leurs matinées à prélever du sang sur les unités de soins, et elles finissent leur journée au centre de prélèvement, au B2. Dans l’équipe, il y a six technologistes médicaux qui vont dans les unités de soins, et quatre qui sont en poste au centre de prélèvement. Dans les unités de soins, ils s’occupent uniquement des prises de sang, aussi appelées prélèvements sanguins. Au centre de prélèvement, ils font des prises de sang auprès des patients externes, mais ils recueillent aussi des échantillons d’urine ou de selles, et font des prélèvements de gorge et de nez, et des tests de sudation.
Travail en tandem
En pédiatrie, les technologistes médicaux travaillent en équipe de deux. « Si un enfant a moins de sept ans, nous y allons effectivement ensemble, explique Nadine. L’une de nous doit tenir le bras du patient, et parfois, même les parents doivent se mettre de la partie. » Au cours d’une journée ordinaire, elles voient entre 18 et 24 patients avant 10 h. « Nous recevons les demandes des médecins la veille au soir ou parfois le matin, dit Dimitra. Nous commençons à faire les prises de sang autour de 6 h 30, parce que les médecins souhaitent recevoir les résultats avant de voir les patients. »
Selon le test, on leur demande de prélever une quantité donnée de sang. « C’est incroyable la quantité d’informations qu’on peut tirer d’un minuscule tube de sang », dit Dimitra. La plupart des tests qui sont faits sont soit des tests de routine, soit des tests demandés pour écarter certaines maladies ou certains facteurs génétiques, ou encore à des fins de recherche.
Technique de collecte de sang
Les technologistes médicaux peuvent effectuer deux types de prélèvement : par ponction capillaire ou par ponction veineuse. Le prélèvement par ponction capillaire est simple, relativement indolore et souvent recommandé quand on a besoin d’une petite quantité de sang d’un nouveau-né ou d’un jeune enfant. Elle se fait en piquant le doigt ou le talon de l’enfant. Ce n’est toutefois pas la méthode idéale pour tous les tests, parce qu’elle peut parfois causer de l’hémolyse. L’hémolyse, qui se définit comme la destruction des globules rouges, peut affecter certaines valeurs d’analyse. « Nous mettons beaucoup de pression sur le doigt ou le talon pour forcer le sang à sortir, et une hémolyse peut se produire si le sang du patient ne s’écoule pas bien, explique Dimitra. Ça peut fausser les résultats de certains tests diagnostiques. »
Une ponction veineuse est un prélèvement de sang fait directement dans la veine. Nadine explique qu’il n’est pas facile de trouver une veine sur un enfant qui est stressé, déshydraté ou fatigué. « Dans de telles situations, c’est comme si la veine se cachait, dit-elle. Heureusement, on excelle dans ce qu’on fait et on arrive habituellement à trouver la veine du premier coup; mais il nous est arrivé de passer plus d’une heure avec un patient. Plus le processus s’éternise, moins on a de chances de réussir. »
Après chaque unité de soins, les échantillons de sang sont déposés dans le tube pneumatique et envoyés directement au laboratoire central à l’Institut de recherche. « Pour les analyses sanguines rares qui ne se font pas au CUSM ou au Québec, nous pouvons envoyer les échantillons ailleurs au Canada, et parfois même à l’extérieur du pays si nécessaire », dit-elle.
Suer un bon coup
En plus des prélèvements, le jeudi, les technologistes médicaux font aussi des tests de sudation pour exclure la possibilité d’une fibrose kystique. Pour ce faire, on applique sur le bras de l’enfant une petite quantité de gel fait d’une substance chimique inodore appelée pilocarpine. Une fois le gel appliqué, deux électrodes sont fixées sur le bras et maintenues en place pendant cinq à sept minutes. « La pilocarpine jumelée à la stimulation électrique aide les glandes sudoripares à produire de la sueur », explique Nadine.
Une courroie de plastique, ou « montre de superhéros » comme aime l’appeler Dimitra, est ensuite attachée sur le bras et enveloppée d’une pellicule plastique et de vêtements chauds. « Nous demandons ensuite au patient de sortir et d’être actif pendant 30 minutes. Le but est de recueillir le plus de sueur possible », rapporte Nadine. La sueur est ensuite testée par des technologistes médicaux au centre de prélèvement. Ils mesurent la quantité de chlorure dans la sueur en plaçant la sueur recueillie dans un chloridomètre. Normalement, la sueur contient très peu de chlorure, mais la sueur d’un enfant qui est atteint de fibrose kystique en contiendra de deux à cinq fois plus que la quantité normale.
Une approche différente
Nadine et Dimitra adorent leur travail, en particulier quand un enfant leur tape dans la main après une ponction veineuse. « En pédiatrie, nous avons une approche différente. Nous prenons notre temps avec chaque patient, parce que nous voulons faire d’une situation désagréable quelque chose de plaisant, souligne Dimitra. Notre contact avec les patients est limité, mais il est invasif pour l’enfant. C’est pourquoi nous portons nos t-shirts de superhéros et que nous essayons de faire rire les patients. Nous voulons avoir l’air moins menaçantes, moins effrayantes. »
« Chanter pour les patients aide aussi. Et nous chantons beaucoup », conclut Nadine en riant!