Petits miracles


Petits miracles


21 septembre 2018

Une série de photos qui réserve des surprises et retisse des liens

Sur le mur du corridor qui relie l’unité de soins intensifs néonatals (USIN) de l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME) au Centre des naissances de l’Hôpital Royal Victoria (HRV), est exposée une série de 15 photos, intitulée Petits miracles. Ces photos ont été prises en 1997 par la photographe Ewa Zebrowski, dont les œuvres sont présentes dans des collections du monde entier. Elles montrent à quoi ressemblait une journée type à l’USIN il y a 20 ans. L’inspiration de ces photos, Ewa l’a trouvée dans ses propres accouchements dramatiques : ses deux fils sont nés prématurément, en 1983 et en 1985, et ils ont tous deux été soignés à l’USIN de l’HRV. Onze ans après la naissance de son 2e fils, Ewa est retournée à l’unité parce qu’elle désirait immortaliser cette expérience en photos. 

Aidée par le Dr Robert Usher, directeur médical de l’unité à cette époque, Ewa a été mise en contact avec des parents qui l’ont autorisée à photographier leur fils, Stephane Lemoing, né à 27 semaines de grossesse. « Je voulais honorer les médecins et les infirmières qui prennent soin de ces nourrissons, et faire comprendre ce que c’est que d’avoir un enfant né prématurément », rapporte Ewa. L’installation Petits miracles a été inaugurée le 23 août 2018 lors d’un vernissage auquel ont assisté des médecins, des membres du personnel et des gens de la communauté.

Une belle surprise

En regardant l’une des photos, le néonatologiste Daniel Faucher a été agréablement surpris. Il s’est reconnu au loin, discutant avec des gens de son unité. « Je ne me doutais pas que j’avais été photographié pour ça! », dit-il. La photo montre une horloge qui indique 10 h 25, ce qui amène le Dr Faucher à penser qu’elle a été prise pendant une tournée des patients. Il a reconnu certains visages sur les photos et il a évoqué des collègues d’autrefois et la vie dans l’ancienne unité avec les infirmières Jennifer Guerrero et Hélène Carron, qui ont travaillé avec lui à l’époque.

Pour le soir du vernissage — des années après avoir perdu le contact — Ewa a pu renouer avec la famille photographiée pour son reportage, l’invitant à assister à l’événement. Denis Lemoing et Lisa Gillis, les parents de Stephane, ont assisté au vernissage et ont parlé avec fierté de leur fils, aujourd’hui âgé de 21 ans et décrit par son père comme quelqu’un de persévérant.

Un petit miracle… 21 ans plus tard

Même si Stephane a dû affronter sa part d’adversité tout au long de sa vie, c’est un jeune homme accompli. À l’âge de 5 ans, il a reçu un diagnostic de syndrome d’Asperger, un trouble du spectre de l’autisme. « Pendant toutes mes études secondaires, je me sentais seul, et l’école était difficile pour moi », dit-il. Mais, il a refusé d’abdiquer. En 2e secondaire, Stephane a été reconnu par son école pour ses bonnes notes. En 4e secondaire, il a été reconnu pour sa persévérance, et en 5e secondaire, il a été invité à l’hôtel de ville de Montréal pour signer le livre d’Or en reconnaissance de sa persévérance.

Après ses études secondaires, Stephane a étudié dans deux domaines, l’entretien général des bâtiments, puis l’hygiène et l’assainissement. Il a reçu un Prix de distinction de la ville de Lachine pour son dévouement au travail. Stephane travaille maintenant chez Saputo et chez Home Depot. Il se tient occupé en faisant du vélo, en s’entraînant et en sortant avec des amis. Il n’a pas encore vu la série de photos, mais il se rappelle une photo de sa mère et son grand frère Eric lui rendant visite à l’USIN, un souvenir gardé précieusement dans l’un des albums photo de sa mère.

Petits miracles est une nouvelle acquisition de l’hôpital, qui fera l’objet d’une exposition permanente. « Le but de l’art à l’hôpital, c’est d’apporter une touche d’humanité à un milieu institutionnel », explique Alexandra Kirsh, curatrice du Centre d’exposition RBC au CUSM. « Ces photos ont pour objectif de nous rappeler d’où nous venons, mais aussi que même si la technologie a énormément changé au fil des ans, l’amour et les soins prodigués aux patients sont demeurés les mêmes. »   

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