Une journée dans la vie de… deux consultantes en lactation
28 janvier 2019
Les consultantes en lactation (et infirmières cliniciennes) Mireille Béchard et Cathy Deacon passent bien du temps à apprendre à connaître chaque maman de l’unité de soins intensifs néonatals (USIN) de l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME). Au cours des 16 dernières années, leur équipe est passée d’une à cinq personnes; elle comprend maintenant les infirmières cliniciennes Amanda Camacho, Karine Huppé et Magdalena Arciszewska qui toutes préparent leur certification de consultantes en lactation.
Promouvoir et stimuler l’allaitement
Les consultantes de l’équipe ne couvrent pas que l’USIN; elles soutiennent les mères partout à l’HME, y compris à l’unité de soins intensifs pédiatriques (USIP), dans les unités d’hospitalisation, au département d’urgence et dans les secteurs cliniques. « Notre rôle principal est de promouvoir l’allaitement et d’assurer la lactation », explique Cathy. « Nous aidons ainsi la maman et le bébé à nouer des liens pendant l’allaitement. Le contact peau à peau entre la mère et son bébé aide énormément à la production de lait, en plus de les préparer tous les deux à la tétée. »
L’allaitement peut être difficile pour bien des mères, et en particulier pour celles qui donnent naissance à un bébé prématuré. Certains bébés, comme les prématurés ou les malades, ne sont pas capables de téter efficacement. Les consultantes enseignent alors aux mères à stimuler, produire et conserver leur lait, souvent en utilisant un tire-lait, jusqu’à ce que leur enfant soit prêt à être nourrit au sein.
Chaque chambre de l’USIN dispose de son propre tire-lait pour que les mères puissent tirer leur lait quand elles sont au chevet de leur bébé, mais elles doivent aussi le tirer quand elles sont à la maison pour assurer une production optimale. Certains bébés peuvent recevoir du lait maternel pasteurisé de la banque de lait d’Héma-Québec jusqu’à ce que leur mère arrive à produire son propre lait. Ce processus peut être assez éprouvant pour les mères de jumeaux, qui doivent doubler leur production. « L’an dernier, nous avons eu 60 paires de jumeaux à l’USIN », souligne Mireille.
Aider les mères partout
Leur collègue Magdalena est basée principalement à l’Hôpital Royal Victoria (HRV), mais toutes les consultantes de l’équipe peuvent être appelées auprès des mères ou des patients nouveau-nés du Centre des naissances de l’HRV, de l’unité de soins post-partum ou de l’USI adulte. « Nous aidons les mères dans toutes sortes de situations, rapporte Cathy. Et il nous arrive même d’aider des mères à équilibrer ou arrêter leur production de lait, si nécessaire. »
L’équipe est souvent appelée à l’urgence de l’HME où elles doivent conseiller des mères qui y viennent avec leur bébé allaité malade. « Dans de telles situations, nous devons évaluer comment le bébé tète et voir si c’est lié à sa maladie. Il faut parfois aider une mère à produire plus de lait ou aider le bébé à téter plus efficacement. C’est important de savoir que même si un enfant est au sein, ça ne veut pas dire qu’il boit vraiment », ajoute Mireille.
Quand un enfant naît avec différents problèmes de santé, il peut avoir besoin de plus de temps pour apprendre à bien téter ou ne jamais développer cette capacité. « Dans de telles situations, l’enfant peut recevoir le lait maternel par différents moyens, explique Cathy. Nous rencontrons des mères où qu’elles soient et nous les aidons à atteindre leurs objectifs en leur offrant notre soutien et toute l’information nécessaire. Nous pouvons aussi les mettre en contact avec d’autres professionnels de la santé concernant l’alimentation de leurs bébés. »
Auprès des mères sept jours par semaine
Il y a plus de 1 700 consultantes en lactation au Canada, et 30 000 à travers le monde, et ce domaine ne cesse de croître. Les consultantes sont officiellement certifiées et reconnues internationalement par l’International Board of Lactation Consultant Examiners (IBLCE), et elles doivent renouveler leur certification tous les cinq ans par le biais d’examens et d’activités de formation continue.
« On encourage les mères à pratiquer l’allaitement exclusif pendant les six premiers mois. Ainsi, quand un bébé est hospitalisé pendant une longue période, il y a de bonnes chances que l’on voit sa mère plus d’une quarantaine de fois pendant son séjour. On en vient à créer des liens très particuliers », souligne Mireille.