Peut-on vraiment être allergique au froid ?
21 janvier 2022
Montréal, 20 janvier 2022 – Il faut bien admettre que l’hiver et les températures glaciales qui l’accompagnent, les vents froids et la neige peuvent être longs et pénibles, mais pour certains enfants (et adultes), les températures glaciales de l’hiver peuvent être menaçantes pour leur vie. Environ 0,1 % des Canadiens souffrent de ce qu’on appelle l’urticaire au froid.
« L’urticaire au froid est déclenchée par le fait d’être à l’extérieur par une journée froide, de sauter dans une piscine ou un lac froid, de s’asseoir près d’un climatiseur ou même de consommer des aliments et des boissons froids », explique le Dr Moshe Ben-Shoshan, spécialiste en allergie et immunologie pédiatrique à l’Hôpital de Montréal pour enfants.
Les personnes atteintes d’urticaire au froid développent une éruption cutanée caractérisée par des démangeaisons, des rougeurs et des gonflements sur les zones de peau exposées au froid. Environ 20 % des enfants atteints d’urticaire au froid auront une réaction anaphylactique potentiellement mortelle. Certaines personnes peuvent subir un choc anaphylactique, qui peut déclencher une baisse dangereuse de la pression artérielle dangereusement basse, un essoufflement, un évanouissement et des convulsions. La réaction sévère est plutôt rare et souvent liée à une exposition brutale à l’eau froide, comme un plongeon dans un lac ou une piscine.
Bien que les enfants et les jeunes adultes en sont les victimes typiques, cette affection peut toucher à peu près n’importe qui, les filles en souffrant un peu plus souvent que les garçons. La bonne nouvelle est que le trouble disparaît généralement tout seul. La mauvaise est que cela peut prendre plus de 10 ans.
Son allergie a changé sa vie
Eryn, âgée de 15 ans, affirme que l’urticaire due au froid a eu des répercussions importantes sur son existence. À cette période de l’année, elle s’emmitoufle (manteau, bottes, tuque, mitaines et écharpe), ce qui est plutôt atypique chez les ados ! Eryn ne peut pas laisser un centimètre de peau exposé au froid.
L’été dernier, l’adolescente n’a pas pu nager ni faire de kayak pendant le camp d’été, deux activités qu’elle adore. Pourquoi ? L’eau froide du lac déclenche chez elle des poussées d’urticaire rouge et irritante.
Elle n’est pas née ainsi ; cela a commencé en 2020. Peut-être était-ce dû à une nouvelle marque de savon ou de détergent à lessive ? Les séries de tests sanguins qu’elle a subis n’ont rien trouvé. C’est alors que le Dr Moshe Ben-Shoshan a essayé l’un des tests médicaux les plus simples et les moins chers qui soient. Il a posé un glaçon dans un sac de plastique sur la peau d’Eryn et a attendu. La réaction ne s’est pas fait attendre. Le diagnostic était clair : urticaire au froid.
Malheureusement, Eryn souffre également d’urticaire chronique, qui se déclare sans raison. L’antihistaminique qu’elle prend quotidiennement contrôle ces poussées aléatoires. Cependant, cela n’empêche pas les poussées d’urticaire due au froid. Plus Eryn y est exposée longtemps, plus les éruptions cutanées durent; parfois, cela peut prendre des heures avant qu’elles ne s’estompent.
Allergique à l’hiver ?
Mais ces enfants et ces adolescents sont-ils réellement allergiques au froid ou à l’hiver? Rassurons-nous, la maladie est classée comme une éruption cutanée plutôt que comme une allergie.
Selon le Dr Ben-Shoshan, l’urticaire au froid est souvent difficile à diagnostiquer et à gérer. Le test « sophistiqué » du glaçon est l’outil de diagnostic préféré.
La meilleure façon de prévenir l’urticaire déclenchée par le froid est de s’emmitoufler pour se protéger des rigueurs de l’hiver et limiter l’exposition de la peau. Lors de la baignade, les personnes atteintes doivent entrer lentement dans l’eau froide au lieu d’y plonger.
« Le traitement le plus efficace est la thérapie antihistaminique sans somnolence. En cas de réaction sévère, les patients doivent porter sur eux un auto-injecteur d’épinéphrine », conseille le Dr Ben-Shoshan, dont les recherches sur l’urticaire au froid sont publiées dans diverses revues médicales, et notamment dans The Journal of the American Medical Association (JAMA) et dans le numéro d’octobre 2021 du Journal of Allergy and Clinical immunology.