

L’épinéphrine pourrait réduire les hospitalisations aux soins intensifs pédiatriques après une réaction allergique grave
26 mars 2025
Montréal, le 26 mars 2025 – Les enfants ayant reçu de l’épinéphrine avant d’arriver à l’hôpital lors d’une réaction allergique grave (anaphylaxie) ont moins de risques d’être hospitalisés aux soins intensifs, démontre une récente étude menée à l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME).
L’anaphylaxie est une réaction allergique grave qui affecte au moins deux systèmes d’organes et/ou génère de l’hypotension (pression artérielle basse). Entre avril 2011 et novembre 2023, les chercheurs ont analysé les cas de 3 158 patients s’étant présentés à l’urgence de l’HME pour de l’anaphylaxie. De ce nombre, 44 % avaient reçu de l’épinéphrine (par exemple avec un auto-injecteur EpiPEN) avant d’arriver à l’hôpital et 56 % n’en avaient pas eu.
Les résultats ont montré un nombre plus important d’hospitalisations aux soins intensifs (1,6 %) chez les patients n’ayant pas reçu d’épinéphrine avant d’arriver à l’hôpital que chez ceux qui en avaient eu (0,7 %). Aucune différence significative n’a été notée du côté des admissions sur les unités régulières d’hospitalisation, indique l’étude publiée dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology : In Practice.
« Cela confirme que l’utilisation de l’épinéphrine avant l’arrivée à l’hôpital réduit de façon importante les hospitalisations aux soins intensifs dans le cas de réactions anaphylactiques. Il est urgent d’améliorer l’éduction et la formation tant des patients, des parents et des professionnels des services médicaux d’urgence pour s’assurer que l’épinéphrine est administrée rapidement », souligne le Dr Moshe Ben-Shoshan, auteur principal de l’étude, scientifique au Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale de l’Institut de recherche du Centre universitaire santé McGill, et spécialiste en allergie et immunologie pédiatrique à l’HME.
Pour déterminer l’effet de cette mesure sur les hospitalisations, les chercheurs ont utilisé le score de propension, une méthode conçue pour estimer les répercussions d’un traitement en prenant en compte les variables qui influencent la probabilité de recevoir ce traitement, éliminant ainsi les biais confondants. Les variables prises en considération incluent l’âge lors de la réaction, le sexe, l’asthme, le fait qu’une allergie alimentaire soit connue ou pas, si la réaction était à la maison et la sévérité de la réaction. Il s’agit de la première étude à utiliser cette méthode pour déterminer les liens entre l’utilisation de l’épinéphrine avant l’arrivée à l’hôpital et les hospitalisations pour des cas d’anaphylaxie.
L’étude a également analysé l’utilisation d’antihistaminiques avant l’arrivée à l’hôpital avec le score de propension, suivant les mêmes variables. Quoique bénéfique, la prise seule d’antihistaminiques n’a pas démontré d’effet direct sur les hospitalisations.
Quelques données supplémentaires :
- L’âge médian était plus élevé chez les patients ayant reçu de l’épinéphrine avant d’arriver à l’hôpital (7,3 ans, contre 5 ans chez ceux n’en ayant pas reçu)
- Les patients ayant reçu de l’épinéphrine avant d’arriver à l’hôpital étaient plus nombreux à avoir une allergie alimentaire connue (79 % c. 42,8 %)
- Ceux-ci étaient plus susceptibles d’avoir de l’asthme (18,6 % c. 13,9 %) et de l’eczéma (17,1 % c. 14,5 %).
- Les patients ayant reçu de l’épinéphrine avant d’arriver à l’hôpital étaient moins susceptibles d’avoir reçu des antihistaminiques (41,6 % c. 45,8 %) et plus susceptibles d’avoir eu des corticosteroïdes (2,2 % c. 0,9 %).
« Comme on retrouve plus de patients à qui on a administré de l’épinéphrine avant leur arrivée à l’hôpital chez ceux qui avaient déjà une allergie alimentaire connue, il est possible que ces patients étaient mieux équipés pour gérer leur condition », souligne le Dr Ben-Shoshan.