Mon enfant a le cancer : Comment gérer ses émotions
2 avril 2007
Les enfants et les adolescents réagissent à un verdict de cancer de différentes façons. En fait, plusieurs facteurs influencent leur réaction, dont la gravité de la maladie, la souffrance qui s’ensuit, l’obligation de manquer l’école, de s’éloigner de la maison ou de ne plus participer à certaines activités sportives, ainsi que l’impact de la maladie sur les habitudes de la famille.
La peur
La peur et l’anxiété sont des émotions courantes chez les enfants. Déjà, le processus qui mène au diagnostic est une source d’anxiété. Si l’enfant doit être hospitalisé, il a de fortes chances qu’il soit confus et terrifié. Savoir que son corps est endommagé et que des cellules cancéreuses se répandent à l’intérieur fait peur.
Les prises de sang, les biopsies, les ponctions lombaires, les aspirations de moelle osseuse et les autres tests font vite partie de leur vie, mais ces jeunes ne comprennent pas tout à fait pourquoi ils subissent ça, ni ce que le médecin et leur famille peuvent attendre d’eux.
Des questions se bousculent dans leur tête : Est-ce que ça va faire mal? Est-ce que je vais avoir des marques? Comment vais-je le dire à mes amis? Mes parents vont-ils m’aimer encore? Est-ce que je vais mourir?
La rage
Pourquoi moi? Qu’ai-je fait? L’enfant peut ressentir de la colère face à la fatalité. Devoir tout d’un coup faire des choses qui ne font pas partie de la réalité des gens de son âge (prendre des médicaments, passer des tests, rester à l’hôpital) ou encore voir son intimité envahie par les médecins, les infirmières et ses parents suscite des sentiments d’impuissance et de frustration.
Culpabilité
Le jeune enfant peut penser qu’il s’agit d’une punition, parce qu’il a désobéi, eu de mauvaises pensées ou menti. Il peut aussi se sentir responsable de la crise familiale que sa maladie peut occasionner.
Tristesse
S’apercevoir qu’il devra renoncer à certaines choses à cause de la maladie peut aussi engendrer un sentiment de tristesse, que ce soit un voyage qui était prévu ou une activité qu’il doit laisser tomber à jamais à cause de son état de santé.
Dépression
L’idée d’être désormais différent de ses amis et d’avoir devant lui des mois et des mois de traitements, l’incidence que la maladie aura sur sa vie, la crainte que les traitements ne fonctionnent pas ou qu’il y ait rechute, les changements dans son apparence physique et le regard des autres peuvent tous engendrer une réaction très intense chez un adolescent, généralement plus conscient des enjeux, et mener à une dépression. De telles émotions sont courantes et leur intensité varie selon l’âge, le tempérament, la capacité de raisonner, la maturité et la situation familiale de chaque enfant. En outre, selon leur âge, les enfants ne sont pas toujours en mesure d’identifier et d’exprimer leurs émotions.
Aider l’enfant à gérer ses émotions
Les tout-petits (0 à 3 ans)
- Restez avec votre enfant durant les traitements et les tests
- Prenez-le dans vos bras et faites-lui des câlins le plus souvent possible
- Distrayez-le avec des jouets
- Laissez-lui son objet préféré (toutou, couverture, peluche)
- Restreignez les visites des gens qui ne sont pas très proches de l’enfant
- Assurez-vous qu’il voit souvent ses frères et sœurs
- Décorez sa chambre d’hôpital afin d’en faire un cadre de vie joyeux
- Respectez sa routine (siestes, repas)
- Prévoyez des moments pour s’amuser
- Faites appel aux spécialistes que l’hôpital met à votre disposition (travailleurs sociaux, psychologues, spécialistes de la vie de l’enfant)
- Parlez avec des parents qui ont vécu la même chose que vous pour savoir ce qui a fonctionné pour eux
Les enfants d’âge préscolaire (3 à 5 ans)
- Expliquez simplement et souvent ce qui se passe à votre enfant
- Consolez-le et rassurez-le lorsqu’il est en colère ou apeuré
- Assurez-vous que votre enfant comprend ce qui arrive
- N’acceptez pas les coups, morsures ou tout autre comportement agressif
- Laissez-le pleurer; à cet âge, les larmes sont une façon d’exprimer la peur et la douleur
- Apprenez-lui à exprimer ses émotions négatives en parlant, dessinant, frappant un oreiller
- Si possible, faites des activités physiques avec lui
- Ne bousculez pas ses habitudes (heures de jeu, sieste, repas)
- Informez le personnel de l’hôpital sur la meilleure façon d’approcher votre enfant
- Expliquez vos émotions à votre enfant s’il vous voit pleurer
- Expliquez au personnel comment votre enfant a réagi à d’autres événements difficiles dans le passé
- Assurez-vous qu’il comprend qu’il n’est pas responsable de ce qui lui arrive
Les enfants d’âge scolaire (6 à 12 ans)
- Expliquez le diagnostic et les traitements à votre enfant
- Impliquez-le dans les discussions avec les médecins
- Répondez sincèrement et simplement à ses questions, même quand il demande s’il va mourir (l’équipe médicale peut vous aider à trouver une réponse à cette question)
- Soyez attentif à votre enfant; peut-être n’arrive-t-il pas à exprimer certaines inquiétudes ou émotions
- Assurez-vous qu’il comprend bien que ce n’est pas de sa faute s’il est malade
- Aidez-le à exprimer ses émotions et rassurez-le en lui disant que ses émotions (peur, colère, peine) sont justifiées
- N’insistez pas s’il préfère garder ses émotions pour lui
- Suggérez-lui d’écrire un journal personnel
- Assurez-vous qu’il ait du plaisir et qu’il s’amuse à tous les jours
- Si possible, faites des activités physiques avec lui
- Facilitez la communication avec ses amis et ses frères et sœurs (ordinateur portable, téléphone, visites)
- Planifiez le retour à l’école avec l’équipe médicale et son professeur
- Faites-le rire
- Mettez-le en lien avec des enfants qui ont vécu la même expérience que lui
Les adolescents (13 à 18 ans)
- Consolez votre adolescent
- Impliquez-le dans toutes les discussions et prises de décisions avec le médecin
- Incitez-le à poser des questions
- Discutez avec lui de questions spirituelles ou existentielles (pourquoi moi?)
- Incitez-le à partager ses émotions avec vous, des parents, des amis ou le personnel de l’hôpital
- Respectez son choix s’il n’a pas envie de parler
- Permettez-lui d’avoir du temps seul à seul avec son médecin
- Suggérez-lui d’écrire un journal personnel
- Rassurez-le quant à la façon dont la famille gère la situation
- Parlez avec lui de sa colère et de sa frustration, laissez-le se vider le cœur
- Demandez les conseils d’un professionnel (travailleur social ou autre)
- Organisez des visites avec ses amis
- Suggérez-lui de parler de ce qu’il vit avec des jeunes qui ont vécu des expériences similaires
02-04-07 – L’Hôpital de Montréal pour enfants