Comprendre la dialyse
5 mars 2014
Les reins jouent un rôle important pour garder le corps en bonne santé. Ils retiennent ou évacuent l’eau, éliminent les déchets et les toxines, et produisent des hormones qui régulent la tension artérielle, stimulent la production de globules rouges et activent la vitamine D. Quand les reins fonctionnent correctement, tous ces processus tournent rondement. Cependant, dès qu’un enfant développe une maladie rénale chronique évolutive qui aboutit à une insuffisance rénale terminale – une situation faisant que les reins ne fonctionnent qu’à une fraction de leur capacité – les seules solutions de traitement sont la dialyse ou la transplantation rénale.
Un certain nombre d’enfants atteints d’insuffisance rénale terminale peuvent immédiatement être considérés comme candidat à la transplantation. Mais souvent, en raison de l’état de santé de l’enfant ou de l’absence de rein disponible, il faut recourir à des traitements de dialyse. Imitant la fonction de filtration d’un rein en santé, le processus de dialyse filtre le sang pour en éliminer les éléments inutiles et conserver ce qui doit l’être. On utilise la dialyse chez les personnes atteintes d’insuffisance rénale chronique, mais également chez les patients ayant une maladie rénale aiguë en attendant que la fonction rénale se rétablisse.
Deux types de dialyse
L’enfant qui a besoin d’une dialyse sera traité soit par hémodialyse, soit par dialyse péritonéale. L’hémodialyse fait appel à un appareil équipé d’un filtre spécial appelé « dialyseur ». Le sang de l’enfant est pompé à travers un tube spécial pour être amené jusqu’au dialyseur où les déchets et les liquides en excès sont évacués. Le sang filtré retourne ensuite dans le corps de l’enfant en passant à travers un second tube. On prévient la formation de caillot sanguin dans le système en y ajoutant de l’héparine. Pendant tout le processus, on surveille la tension artérielle de l’enfant ainsi que le volume de liquide éliminé et les taux résiduels de minéraux importants, comme le potassium, le sodium et le calcium.
D’ordinaire, l’hémodialyse est faite en milieu hospitalier. L’enfant se présente pour ses traitements plusieurs fois par semaine, et chaque traitement dure au moins quatre heures. Si son état est suffisamment stable, l’enfant peut s’occuper en jouant, en lisant ou en regardant la télévision; toutefois, si possible, l’équipe essaie d’intégrer les leçons et les devoirs à la séance de dialyse.
Avant de commencer les séances d’hémodialyse, l’enfant doit subir une intervention chirurgicale pour mettre en place un accès vasculaire; il s’agit habituellement d’un cathéter veineux central ou d’un lien artificiel entre une artère et une veine pour faciliter l’accès à la circulation sanguine. L’enfant peut avoir besoin de quelques mois pour s’adapter à son traitement.
Avec l’aide de l’équipe de néphrologie, les parents ou les aidants naturels ont pour rôle d’aider l’enfant à prendre ses médicaments selon les consignes et à respecter les limites qui lui sont imposées quant à ce qu’il peut manger et boire, notamment pour les sels de sodium et de potassium et le phosphore.
La dialyse péritonéale utilise la membrane qui tapisse l’intérieur de la cavité abdominale, appelée « péritoine », pour filtrer le sang. Il existe différents types de dialyse péritonéale, les principaux étant la « dialyse péritonéale continue ambulatoire » (DPCA) et la « dialyse péritonéale continue cyclique » (DPCC). Cette dernière implique l’utilisation d’un cycleur, un appareil qui s’occupe de vider et de remplir l’abdomen à répétition avec une solution de dialyse, appelée « dialysat », pendant la nuit, quand l’enfant dort.
Tout comme pour l’hémodialyse, l’enfant doit d’abord subir une intervention chirurgicale. Dans ce cas, le chirurgien place un cathéter dans l’abdomen de l’enfant de 2 à 3 semaines avant le début des séances de dialyse.
On administre le dialysat à l’aide d’un cathéter inséré dans la cavité abdominale. Le dialysat absorbe les déchets et l’excès de liquide, pour ensuite être évacué dans un « sac à déchets ». Idéalement, on garde du dialysat en permanence dans l’abdomen (péritoine), permettant une filtration en continu, comme avec des reins en santé. Le médecin et l’infirmière en néphrologie vont déterminer la composition optimale du dialysat, le volume de remplissage et la fréquence des échanges de liquide en fonction des besoins de l’enfant.
Habituellement, la dialyse péritonéale chronique est réalisée à domicile. Pour ce faire, les parents reçoivent une formation couvrant tous les aspects techniques de la dialyse péritonéale, incluant le fonctionnement du cycleur, le respect des règles d’hygiène et de stérilité, et la façon d’enregistrer la tension artérielle de l’enfant, son poids corporel et les volumes de drainage. Pratiquer la dialyse à la maison peut être très exigeant. Compte tenu de la très grande responsabilité qui incombe aux parents ou aux aidants naturels, la division de néphrologie de l’Hôpital de Montréal pour enfants a formé une équipe multidisciplinaire, composée d’infirmières, d’une nutritionniste, d’une travailleuse sociale et de médecins, qui se consacre à ces familles, 24 heures par jour, 7 jours par semaine.