Détecter les déficiences visuelles

Détecter les déficiences visuelles

17 février 2011

Par Richard Haber, M.D
 
Récemment, j’ai rencontré pour la première fois une fillette de 8 ans pour un suivi médical de routine. Elle n’avait aucun problème spécifique, mais l’examen de sa vision au moyen de l’échelle de Snellen a révélé les résultats suivants : OD 20/20, OG 20/200. Un examen plus approfondi a révélé un léger strabisme à l’œil gauche, strabisme qui n’avait jamais été détecté et qui était responsable de son amblyopie. C’est une tragédie, et elle indique l’importance de faire examiner la vue de tous les bébés et de tous les enfants. Une consultation rapide auprès d’un ophtalmologiste aurait pu sauver la vision de cet œil.

Avoir l’examen à l’œil

La Société canadienne de pédiatrie, l’American Academy of Pediatrics et le U.S. Preventive Services Task Force recommandent tous de faire un examen du système visuel à chaque visite de suivi d’un enfant, et ce, dès la naissance. De la naissance à 3 ans, il est important d’examiner les structures externes des yeux, incluant les paupières, la conjonctive, la cornée, l’iris et les pupilles, ainsi que la fonction de l’œil. Je renvoie les lecteurs aux articles mentionnés ci-après pour une discussion détaillée de cet examen; pour ma part, je me limiterai à trois principes élémentaires.
 
Premièrement, chez les nourrissons, observez le reflet rétinien. Ce simple test peut détecter des anomalies cornéennes, comme une opacification et les cataractes, ainsi que le rétinoblastome et d’autres anomalies rétiniennes. Dans une chambre noire, utilisez un ophtalmoscope pour examiner chaque œil séparément d’une distance d’environ 30 à 45 cm, puis les deux yeux ensemble d’une distance d’environ un mètre. Le reflet rétinien est semblable aux yeux du chat qui s’illumine la nuit devant les phares d’une voiture. Habituellement, la couleur tend vers le jaune rougeâtre, ou le gris pâle chez les personnes à la pigmentation très foncée. La présence d’une tache sombre, ou un reflet blanc ou rouge terne nécessite une consultation auprès d’un spécialiste.
 
Le test des reflets cornéens de Hirschberg permet de diagnostiquer le strabisme, la cause la plus courante d’amblyopie s’il n’est pas détecté. Dirigez une source lumineuse vers les yeux de l’enfant à une distance d’environ 45 à 60 cm et observez où se situe le reflet. Lorsque les yeux sont normalement alignés, les reflets devraient être centrés et positionnés de façon symétrique dans la pupille des deux yeux. Un léger déplacement nasal est normal. Si la lumière reflétée par les deux cornées n’est pas symétrique, alors les yeux sont croisés.
 
Le troisième élément est l’acuité visuelle : l’enfant voit-il bien de cet œil? Même un nourrisson devrait pouvoir fixer et suivre une cible donnée. Le poupon qui a une faible acuité visuelle d’un œil pleurera ou résistera quand on couvrira son œil valide. Si vous avez le moindre doute, envoyez rapidement l’enfant consulter un spécialiste. L’acuité visuelle des enfants de 3 ans à 5 ans devrait être évaluée chaque année, puis tous les deux ans jusqu’à 18 ans.

Interprétation de l’échelle

L’échelle de lettres de Snellen ou une échelle imagée pour les jeunes enfants permet d’évaluer l’acuité visuelle de loin. La ligne lue avec au moins 4 bonnes réponses sur 6 correspond à l’acuité visuelle. Si la vision de l’enfant est inférieure à 10/15 ou supérieure à 20/30, ou s’il y a deux lignes de différence entre les deux yeux, une consultation est nécessaire.

Statistiques

  • Jusqu’à l’âge de 2 ou 3 mois, il est normal que les nourrissons puissent croiser leurs yeux
  • De 3 à 6 mois, c’est anormal; faites voir l’enfant par un ophtalmologiste
  • La moitié des enfants atteints de strabisme peuvent développer de l’amblyopie
  • L’œil paresseux – prévalence de 1 à 5 % – est la principale cause de la perte de vision unilatérale à l’âge adulte
  • 5 à 10 % de tous les enfants d’âge préscolaire ont une déficience visuelle

Références :

1. Community Paediatrics Committee, Paediatrics & Child Health, vol. 3, no 4, 1998, p. 261-262.

2. AAP Policy, Pediatrics, vol 111, no 4, avril 2003, p. 902-907.

3. U.S. Preventive Services Task Force. Am Fam Physician, vol. 71, no 2, 2005, p. 333-336.

4. American Academy of Pediatrics. Pediatrics, vol. 109, no 5, 2002, p. 980-981.

 

Richard Haber, M.D., FAAP et FRCPC, est professeur agrégé de pédiatrie à l’Université McGill et directeur du Centre de consultation pédiatrique à L’Hôpital de Montréal pour enfants.

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