Faire vacciner votre enfant : une responsabilité sociale
19 juin 2012
Par le Dr Richard Haber
L’an dernier, le Québec a connu une éclosion de rougeole. Quelque 760 cas ont été déclarés alors que cette maladie avait été éradiquée. On pense que cette éclosion est due à une méfiance générale à l’égard de la vaccination. Pourtant, je maintiens que la vaccination — avec la qualité de l’air, l’eau potable et les bonnes conditions de logement — a fait plus pour sauver des vies que tout ce que les médecins ont pu faire auparavant.
Avant les vaccins, les maladies infectieuses tuaient un grand nombre de personnes. Quand l’efficacité des vaccins a été établie, des gouvernements de partout dans le monde se sont empressés de mettre les vaccins à la disposition de la population, rendant même la vaccination obligatoire dans bien des cas. Quand on a mis au point des vaccins pour les maladies infantiles, notamment pour la diphtérie, la rougeole, la rubéole et les oreillons, la vaccination est même devenue obligatoire pour fréquenter l’école publique dans certains pays. En 1974, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) lançait le Programme élargi de vaccination. Grâce à ses efforts, le dernier cas naturel de variole a été recensé en Somalie en 1977.
Les autorités publiques s’efforcent de vacciner le plus de gens possible afin d’obtenir une « immunité collective ». On bénéficie d’une immunité collective quand suffisamment de gens sont vaccinés pour diminuer considérablement la probabilité qu’une personne sensible entre en contact avec une personne infectée.
La vaccination devient alors une responsabilité sociale. Se faire vacciner protège la personne, mais ce geste protège aussi toute la communauté.
Malheureusement, on a vu apparaître au cours des années des rumeurs alarmistes au sujet de la santé et de la vaccination. La plus récente de ces rumeurs a suivi la publication d’un article dans la revue médicale The Lancet en 1998, qui présentait des preuves apparentes révélant que les troubles du spectre autistique pouvaient être causés par le vaccin RRO, un vaccin contre la rougeole, la rubéole et les oreillons. En 2011, un article décrivait le lien entre le vaccin et l’autisme comme « le canular médical le plus dommageable des 100 dernières années ».
Heureusement, des recherches menées par le journaliste Brian Deer du Sunday Times ont révélé que l’auteur principal de l’article, Andrew Wakefield, avait omis de déclarer de nombreux conflits d’intérêts en plus de manipuler des preuves et de contrevenir à d’autres codes d’éthique. La recherche a été déclarée frauduleuse en 2011 et Wakefield a perdu le droit de pratiquer la médecine. En fin de compte, aucune preuve ne peut relier le vaccin à l’apparition de l’autisme, et les bienfaits du vaccin se sont révélés bien supérieurs au risque de son utilisation.
Malheureusement, les dommages étaient faits. Les taux de vaccination au Royaume-Uni et en Irlande ont chuté brusquement, ce qui a fait augmenter l’incidence de la rougeole et des oreillons, provoquant des décès ainsi que des atteintes graves et permanentes. L’épidémie qu’a connue l’Irlande en 2000 a donné lieu à 1 500 cas de rougeole et trois décès. D’autres pays ont aussi subi le contrecoup de cet article qui, combiné à une certaine complaisance, a entraîné une chute des taux de vaccination et une hausse des cas de rougeole. La France, en particulier, a été durement frappée par les récentes épidémies de rougeole. Selon l’OMS, plus de 14 000 cas y ont été rapportés au cours des six premiers mois de 2011. Six de ces cas ont été fatals. Les responsables de la santé ont affirmé qu’au Canada, la résurgence de la rougeole était le fait de voyageurs revenus de France avec la maladie.
En fait, la prévention vaccinale est à la hauteur de l’immunité collective. Prenez par exemple le vaccin contre la grippe. En faisant vacciner votre tout-petit, vous préviendrez peut-être le décès d’une personne âgée ou d’une personne ayant le système immunitaire affaibli.
Les vaccins agissent en préparant l’organisme à combattre la maladie. Chaque vaccin contient une faible quantité de virus ou de bactéries atténués ou « morts » qui causent une maladie. Le corps apprend à combattre la maladie en fabricant des anticorps capables de reconnaître des parties précises du virus ou de la bactérie en question. Grâce à cette réponse permanente ou durable, si une personne est exposée à la maladie, les anticorps sont déjà sur place et son organisme sait comment la combattre; ainsi, cette personne évitera d’être malade. C’est ce qu’on appelle l’immunité.
On demande souvent si le vaccin peut causer la maladie qu’il est censé prévenir. La réponse est la suivante : il est impossible de contracter une maladie à partir d’un vaccin fabriqué avec des bactéries ou des virus morts, ou avec des parties de bactérie et de virus. Globalement, les vaccins ont amélioré la vie de milliards de personnes dans le monde, éradiquant plusieurs maladies ou les confinant à de petites éclosions facilement maîtrisables.
Mon message est le suivant : vous devez faire vacciner votre enfant; et si vous avez des inquiétudes, vous devez en parler avec votre médecin. En général, il s’agit d’une politique de santé publique très importante qui aide à tous nous protéger.
S’il vous plaît, aidez à sauver des vies, et dites simplement oui!