Le rétablissement lié aux troubles alimentaires est un processus à long terme, mais un parcours qui en vaut la peine
7 mai 2007
Sylvie Morin n’a pas immédiatement associé les changements dans les habitudes alimentaires de sa fille de 12 ans Gabrielle à un trouble alimentaire.
« Graduellement, j’ai remarqué qu’il y avait des changements. Elle contestait la portion qui lui avait été servie et elle mangeait de moins en moins », se souvient Mme Morin. « Elle n’était plus la même personne. Avant, elle était pleine de vie et à présent, elle n’exprimait plus aucune émotion. »
La pression sociale, la faible estime de soi, les troubles familiaux, le concept de l’idéalisation de la minceur diffusé dans les médias, certains facteurs héréditaires et même la période de l’adolescence peuvent déclencher les troubles alimentaires.
« L’anorexie est un trouble qui affecte la vie de très jeunes filles, et il touche à la fois le corps et l’esprit », explique la Dre Franziska Baltzer, directrice du Département de médecine de l’adolescence à l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME). L’année dernière, l’HME a accueilli 80 nouveaux patients souffrant de troubles alimentaires, dont certains n’avaient que neuf ans. Les troubles alimentaires comprennent aussi la boulimie, un trouble qui se manifeste sous la forme d’une « frénésie alimentaire ». Ces deux troubles alimentaires, la boulimie et l’anorexie, peuvent aussi être combinés. Cependant, il semble que cela se produise plus fréquemment lorsque les adolescents sont plus âgés.
Parmi les signes et symptômes associés aux troubles alimentaires, on trouve notamment le fait d’éviter les repas à la table, d’éliminer certains groupes alimentaires, l’excès d’exercice, les changements liés à la personnalité et une constante préoccupation envers le gras et les calories.
Gabrielle était très malade lorsqu’elle s’est présentée à l’HME. Elle était extrêmement maigre, sa tension artérielle et sa fréquence cardiaque étaient dangereusement faibles. De plus, selon son groupe d’âge, elle était sous-développée et physiquement, elle souffrait d’épuisement. L’anorexie frappe souvent avant la puberté et elle freine le processus de croissance. Il est cependant possible, lorsque la personne est traitée à temps, de pouvoir réparer certains des dommages causés par ce trouble. L’approche multidisciplinaire et personnalisée de l’HME comprend une évaluation physique, une thérapie individuelle et une thérapie familiale, le suivi en clinique de nutrition et, dans certains cas, l’hospitalisation. La Dre Baltzer affirme que 25 % des jeunes filles souffrant d’un trouble alimentaire s’en sortent d’elles-mêmes. Soulignons que 90 % des personnes qui souffrent d’un trouble alimentaire sont des femmes.
Mme Morin explique qu’au départ Gabrielle n’était pas très réceptive au traitement, mais elle savait que c’était la seule solution pour lui permettre d’éviter l’hospitalisation. Elle a donc commencé à augmenter son apport en calories grâce à des boissons énergisantes composées de suppléments alimentaires, puis elle a entrepris un régime alimentaire conçu par le diététiste de l’hôpital. Plus son état de santé s’améliorait, plus les séances régulières de thérapie et de pesage se sont espacées.
Le parcours de guérison de Gabrielle s’est prolongé pendant deux ans et demi et il a occasionné la perte d’un mois d’études. Maintenant âgée de 16 ans, elle a repris du poids et elle s’alimente bien. Mme Morin conseille aux parents de ne pas se décourager même si, pour leur enfant, le traitement ne semble pas fonctionner. La Dre Baltzer ajoute que le déni accompagne souvent ce trouble alimentaire.
Les parents qui pensent que leur enfant souffre d’un trouble alimentaire devraient consulter leur médecin de famille ou rencontrer un diététiste spécialisé dans le domaine des troubles alimentaires, explique la Dre Baltzer. Elle rappelle aussi que la guérison n’est pas rapide. En effet, on estime qu’une personne peut souffrir d’un trouble alimentaire pendant six ou sept ans en moyenne.
« Les parents doivent s’attendre que ce soit un processus difficile et lent et comprendre qu’ils font aussi partie intégrante du traitement. »
By Margo Vizbara, CUSM