Nourrir l’esprit pour mieux nourrir le corps

Nourrir l’esprit pour mieux nourrir le corps

16 février 2007

De nombreux parents ne boivent pas d’alcool devant leurs adolescents par souci d’en décourager la consommation. Mais certains parents vont dénigrer leur propre corps ou celui de leur conjoint sans aucune hésitation. Les mères qui font observer : « Je suis tellement grosse, c’est affreux » alors qu’il n’en est rien, et les pères qui disent : « Chérie, tu es magnifique, as-tu perdu du poids ? » peuvent avoir une influence importante sur une jeune fille impressionnable.

Le Dr Giosi Di Meglio, médecin à la Division de la médecine de l’adolescent et de la gynécologie de l’adolescent à L’Hôpital de Montréal pour enfants (HME) du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) note : « Nous sommes fondamentalement en train d’élever toute une génération d’adolescents et de jeunes filles qui auront des problèmes d’image corporelle. »

Quand un patient vient la consulter, le Dr Di Meglio effectue une évaluation et discute de questions de santé et d’image corporelle. Dans les cas les plus graves, un thérapeute et un nutritionniste se joignent à elle pour travailler auprès de l’adolescent et de sa famille. Le Dr Di Meglio est également active dans la collectivité : elle enseigne à des groupes de professeurs, de travailleurs sociaux et de moniteurs d’éducation physique à reconnaître les symptômes d’un trouble de la conduite alimentaire et leur apprend comment intervenir.

« Le problème que nous observons plus fréquemment que les troubles caractérisés des conduites alimentaires, ce sont les conduites alimentaires désordonnées », dit le Dr Di Meglio. « Ces adolescents ne présentent pas de risque immédiat de maladies graves, mais ils nuisent tout de même à leur corps et à leur esprit par des actions comme les régimes yo-yo et les conduites anorexiques-boulimiques. » En réalité, les adolescents aux conduites alimentaires désordonnées peuvent affaiblir leur métabolisme au point de reprendre les kilos qu’ils souhaitent si désespérément perdre. »

Anne-Marie Martinez, thérapeute conjugale et familiale au CUSM et infirmière à l’HME, convient que les filles subissent une pression extrêmement forte pour devenir minces et le rester. Les mères, souvent affligées elles-mêmes de problèmes d’image corporelle, peuvent encourager leurs filles à perdre du poids même si celles-ci sont tout à fait dans les normes pour leur âge et leur développement. Les fils ne sont pas à l’abri non plus des pressions. « Nous verrons bientôt davantage de garçons atteints de troubles des conduites alimentaires si les préoccupations de la société à l’égard du corps idéal continuent de progresser au rythme actuel », ajoute-t-elle.

La nutritionniste Peggy Alcindor souligne que les parents et les filles ne comprennent pas qu’à l’approche de la puberté, une adolescente peut gagner du poids avant une poussée de croissance. Ils ne savent pas qu’il s’agit d’un processus normal, qui culmine au début des règles. Les parents doivent se renseigner sur le phénomène et transmettre l’information à leurs filles de manière rassurante.

Une partie également importante du travail de Peggy Alcindor consiste à corriger les idées fausses sur la nutrition. Elle note que « les années d’adolescence sont généralement des années d’extrémisme : une jeune fille peut prendre connaissance d’un nouveau régime et le suivre à la dixième puissance, sans se rendre compte qu’en éliminant complètement un groupe alimentaire, par exemple les protéines ou les lipides, elle peut mettre sa santé en danger. De plus, la plupart des régimes ne conviennent pas aux adolescents et visent des groupes adultes ciblés. »

Un adolescent nouvel adepte du végétarisme peut faire de l’élimination de la viande un point de départ vers une alimentation moins abondante ou l’élimination de groupes alimentaires perçus comme « engraissants ». Mais, même dans les autres cas, les adolescents ont besoin de conseils pour faire en sorte qu’ils adoptent une alimentation diversifiée et équilibrée.

Par ailleurs, l’obésité des adolescents est devenue un problème important. « C’est peut-être attribuable en partie au fait que les adolescents sont en général bombardés par de mauvaises suggestions alimentaires », dit Peggy Alcindor. Pensons par exemple aux distributrices dans les écoles secondaires, à la publicité et aux éléments d’incitation touchant le fast food, qui ciblent directement les adolescents. « Idéalement, on devrait disposer pour l’obésité du même type d’approche globale que pour les troubles des conduites alimentaires. »

Que doivent donc faire les parents ? Le bon sens est le meilleur atout. Il faut demander de l’aide si la situation dégénère, encourager les bonnes habitudes alimentaires et la pratique de l’exercice physique en en faisant une occasion de plaisir familial plutôt que de contrôle pondéral. Il ne s’agit pas seulement de « manger santé », il faut aussi « parler santé ».

Pour de plus amples renseignements, veuillez contacter la clinique au (514) 412-4481.


Par Peggy Niloff

01-01-07 – CUSM

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