Pas seulement une question d’alimentation : 5 mythes que tout parent devrait connaître au sujet des troubles alimentaires

Pas seulement une question d’alimentation : 5 mythes que tout parent devrait connaître au sujet des troubles alimentaires

3 février 2014

La plupart des adolescents ont des problèmes avec leur image corporelle, mais quand les questions d’apparence, de régimes, d’exercice et de perte de poids prennent toute la place, elles peuvent mener à l’apparition de troubles alimentaires.

La plupart d’entre nous ont entendu parler d’anorexie et de boulimie, et en comprennent les grandes lignes. Toutefois, les troubles alimentaires ne sont pas aussi tranchés que plusieurs d’entre nous l’imaginent. En fait, il existe bien des idées fausses entourant les troubles de l’alimentation. La Dre Holly Agostino, spécialiste en médecine de l’adolescence à l’Hôpital de Montréal pour enfants, nous aide à distinguer les faits de la fiction. 

1er mythe : Les troubles alimentaires ne sont qu’une question d’alimentation.

Faux. « Même s’il est vrai que l’alimentation est le point de mire des troubles alimentaires, la véritable cause de la maladie relève souvent d’un élément totalement différent, comme le stress à l’école ou l’intimidation. Il arrive que nous ne puissions jamais identifier la véritable cause – c’est une maladie très individualiste », explique la Dre Agostino. « La constante observée dans les différents troubles alimentaires, c’est la perception que la personne a de son corps, l’impression que quelque chose ne va pas. Cette fixation incessante et envahissante sur un défaut imaginaire dans leur apparence amène les enfants et les adolescents à accorder une importante disproportionnée à leurs comportements alimentaires. L’alimentation est l’obsession, mais elle est nourrie par une grave perception négative de leur corps. »

2e mythe : Vous devez avoir un poids inférieur à la norme pour recevoir un diagnostic de trouble alimentaire.

Faux. Selon la Dre Agostino, il s’agit probablement de l’idée fausse la plus répandue au sujet des troubles alimentaires, et peut-être de l’une des raisons pour lesquelles plusieurs troubles de l’alimentation ne sont pas diagnostiqués.

« Les enfants ou les adolescents qui sont en surpoids ou qui présentent un poids normal ne sont pas à l’abri des troubles alimentaires, souligne-t-elle. En fait, les enfants qui souffrent d’embonpoint peuvent avoir une très mauvaise image de leur corps et commencer à suivre un régime, limitant leur apport alimentaire et s’entraînant à l’excès dans l’espoir de perdre énormément de poids. Cette perte de poids rapide provoque les mêmes complications médicales graves que nous observons chez les patients en insuffisance pondérale. » 

3e mythe : Si vous vomissez, vous souffrez de boulimie.

Faux. « La boulimie se caractérise par des épisodes de compulsion, portant à manger de façon incontrôlée, suivis d’un immense sentiment de culpabilité et de honte », explique la Dre Agostino. « Afin de se libérer de cette culpabilité et de cette honte, les enfants et les adolescents qui ont un comportement boulimique vont essayer de compenser leurs excès alimentaires. Se faire vomir est une forme de “purgation”, mais ce comportement compensatoire peut aussi prendre la forme d’un abus d’exercices physiques, d’une privation de nourriture pendant les heures ou les jours qui suivent, et parfois de l’utilisation de laxatifs pour essayer de prévenir le gain de poids. »

Selon la Dre Agostino, il est important de noter que les vomissements peuvent être un symptôme chez les enfants et les adolescents qui luttent contre l’anorexie ou qui ont certains symptômes de troubles alimentaires, sans toutefois présenter tous les critères de l’anorexie ou de la boulimie.

4e mythe : Les troubles alimentaires affectent seulement les filles.

Faux. Bien que les statistiques montrent qu’il y a 10 fois plus de filles que de garçons qui souffrent de troubles alimentaires (données de Statistique Canada), il est faux de dire que les troubles de l’alimentation affectent uniquement les femmes. Les garçons peuvent être tout aussi préoccupés par leur corps et leur poids que les filles. 

« Comme les adolescentes qui cherchent à prendre modèle sur les mannequins très maigres qu’elles voient dans les magazines, à la télévision et en ligne, les adolescents eux s’efforcent de ressembler à leur idéal masculin : un corps musclé et tonique, soit ce qu’ils considèrent comme ce qui se fait de mieux en matière de silhouette », explique la Dre Agostino.

« Alors qu’une adolescente peut viser essentiellement à limiter la quantité d’aliments consommés pour perdre du poids et paraître plus mince, l’adolescent peut restreindre son alimentation pour n’y inclure que des protéines et des légumes, tout en faisant de l’exercice à l’excès pour gagner du muscle, explique-t-elle. N’importe quel régime ou stratagème de perte de poids draconien, très restrictif et excessif est dangereux, peu importe qu’il soit adopté par un garçon ou une fille. »

« L’embonpoint est malsain pour un enfant ou un adolescent; mais essayer de perdre du poids de manière draconienne avec très peu, voire aucun suivi de la part d’un professionnel de la santé ou d’un nutritionniste est tout aussi malsain, et très dangereux », prévient la Dre Agostino.

5e mythe : Les troubles alimentaires touchent uniquement les adolescents.

Faux. « Des enfants aussi jeunes que huit ou neuf ans peuvent commencer à montrer des signes et des comportements cohérents avec les troubles alimentaires », rapporte la Dre Agostino qui ajoute que plus les patients sont traités tôt pour un trouble alimentaire, meilleures sont leurs chances de se rétablir.

Plusieurs des patients qu’elle traite pour des troubles alimentaires sont des adolescents, mais la Dre Agostino insiste pour dire que les troubles alimentaires sont des maladies chroniques qui peuvent affecter les personnes pendant toute leur enfance, leur adolescence et leur vie adulte. 

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