Aider les patients à gérer les impacts psychologiques d’une commotion cérébrale
19 juin 2019
Juin est le mois de la sensibilisation aux lésions cérébrales
Se remettre d’une commotion cérébrale est un processus constant qui demande du temps, du repos et de la patience, quel que soit l’âge des enfants. Mais pour certains patients et familles, le processus de rétablissement peut prendre plus de temps et demander davantage de soutien en santé mentale. « Dans la plupart des cas, une reprise graduelle des activités normales permettra à un patient de se rétablir complètement en un mois », explique la pédopsychologue Catherine Serra-Poirier. « Mais dans environ 20 % des cas vus au programme de traumatisme craniocérébral léger (TCCL), les progrès stagnent, et les patients ont besoin de services de psychothérapie et de santé mentale pour recommencer à fonctionner comme avant. »
Commotions cérébrales : plus que des blessures physiques
La Dre Serra-Poirier et ses collègues les Dres Karine Gauthier et Maria Sufrategui travaillent avec une équipe multidisciplinaire de professionnels de la santé au sein du programme de traumatisme craniocérébral léger (TCCL) à l’Hôpital de Montréal pour enfants. Leur rôle est d’aider les patients qui ont vu leur rétablissement post-commotion interrompu, et de repérer les facteurs psychologiques, cognitifs et sociaux qui pourraient entraver leurs progrès.
« Certains patients peuvent avoir souffert d’anxiété ou de dépression avant leur traumatisme crânien, explique la Dre Karine Gauthier. Ils avaient peut-être déjà des problèmes familiaux et sociaux qui se sont amplifiés avec la blessure. Notre rôle est de trouver quels sont les plus importants facteurs de stress qui compliquent leur rétablissement et de proposer des outils pour aider à minimiser et gérer leurs répercussions. »
Ces outils peuvent être des séances hebdomadaires de psychothérapie cognitivo-comportementale ou basée sur la mentalisation pour aider les patients à exprimer et comprendre les émotions complexes qu’ils vivent. On peut aussi enseigner aux patients des méthodes de relaxation et des stratégies de gestion de la douleur en fonction des besoins de chacun. « On peut travailler avec des patients pour leur apprendre de nouvelles façons de gérer les pensées associées à la douleur afin de réduire ces symptômes, explique la Dre Gauthier. Dans certains cas, on peut aussi évaluer formellement les habiletés cognitives susceptibles d’avoir été touchées par un TCCL, comme les capacités d’attention et la vitesse de traitement, afin que les patients puissent recevoir le soutien dont ils ont besoin pour faire face à ces nouveaux défis. »
Travailler ensemble vers un même objectif
Dans tous les cas, la famille du patient est impliquée dès le début; cela permet au pédopsychologue d’avoir une idée du style de vie du patient et des antécédents médicaux familiaux, et à la famille de s’exprimer sur les objectifs du plan de traitement proposé.
« Nous passons une bonne heure et demie avec les familles lors de la première visite pour mieux comprendre ce qui se passe et voir comment aller de l’avant avec un plan d’action personnalisé », souligne la Dre Serra-Poirier. Pour certains patients, des visites de suivi peuvent être prévues chaque semaine, pour d’autres, ce sera toutes les deux semaines. Ces visites soulèvent parfois des questions qui peuvent mener à un changement complet du plan de traitement pour assurer une meilleure prise en compte des besoins du patient.
« Nous travaillons en équipe avec la physiothérapeute et la coordonnatrice en traumatologie pour coordonner le travail de réadaptation psychologique, cognitif et physique. Parfois, ça peut vouloir dire donner plus de liberté au patient pour reprendre ses activités sportives et ainsi améliorer son bien-être émotionnel, ce qui en retour peut aider à diminuer les symptômes du TCCL. Notre travail peut aussi nous amener à entrer en communication avec l’école et les enseignants du patient pour faire des recommandations afin d’aider à son rétablissement et réduire le risque de chronicité. Il faut parfois trouver le juste équilibre entre le risque qu’un patient reprenne ses activités trop vite et ses besoins en matière de santé mentale », explique la Dre Serra-Poirier.
À travers leurs séances régulières, les patients tissent un lien de confiance avec leur psychologue. La durée du traitement peut varier, mais en général, les patients voient une bonne amélioration après un à six mois de psychothérapie. Quand un suivi à plus long terme est nécessaire, la Dre Serra-Poirier et ses collègues s’assurent que les patients sont dirigés vers les bonnes ressources près de chez eux. Il peut s’agir des CLSC, d’autres établissements de santé mentale du réseau de soins, ou encore de psychologues ou de psychiatres.
Aider les familles à traverser une période difficile
« Le plus beau dans notre travail, c’est quand un patient revient en disant qu’il se sent mieux après plusieurs semaines à apprendre à composer avec des émotions complexes, souligne Catherine. Parfois, je reçois même des cartes de Noël des familles. Ça veut tout dire. Je suis honorée de pouvoir aider les familles à retrouver une vie normale. »
La Dre Gauthier acquiesce, ajoutant que certains outils utilisés en psychothérapie sont adoptés par les patients qui s’en servent ensuite tout au long de leur vie pour mieux gérer les changements et les événements stressants. « Nous avons la chance d’être témoins d’effets vraiment tangibles chez nos patients, dit-elle. Lentement mais sûrement, on les voit recommencer à faire des examens à l’école, reprendre leurs activités sportives et retrouver une vie normale. Ils partent avec le sentiment d’avoir été écoutés, rassurés et compris. Et moi je suis honorée qu’ils m’aient accordé leur confiance tout au long de leur périple. »