Cuisiner, c’est bon pour le moral : des patients en psychiatrie de l’HME se découvrent une nouvelle passion grâce à l’activité de cuisine
11 février 2016
« C’est la première fois que je cuisine ; j’ai l’habitude de manger des plats déjà préparés ! »
Les patients sourient et partagent quelques éclats de rire avant de commencer leur recette. Tous les mardis, des patients du programme de soins pédopsychiatriques, hospitalisés ou en consultation externe, se réunissent pour cuisiner. « Nous choisissons les recettes et assignons les tâches selon le niveau de fonctionnement des patients », explique Mélanie Bazin, une ergothérapeute de l’unité. « L’objectif est de les mettre au défi, et non de les accabler. »
Comment ça fonctionne
L’activité est divisée en deux groupes. Les patients travaillent soit par paire, soit avec un membre du personnel. Lorsqu’ils entrent dans la cuisine, on leur attribue une recette, et la préparation commence. « Nous avons toujours un mets principal, un plat d’accompagnement et un dessert. Nous sommes là pour les aider, mais les patients sont responsables de leur travail du début à la fin », explique Mélanie.
Le personnel achète les aliments à l’avance, et les patients doivent faire le tour des garde-manger et du réfrigérateur pour trouver les ingrédients dont ils ont besoin. Le choix des recettes demande aussi réflexion, parce que la sécurité et la nutrition sont des éléments importants dont il faut tenir compte. « Nous leur apprenons à utiliser les différents outils et ustensiles de cuisine en toute sécurité, et nous prêtons attention aux allergies et aux préférences alimentaires, ajoute Mélanie. Manger un bon repas fait maison est très réconfortant. » Chaque groupe dispose d’une heure pour finir sa recette, après quoi tous se rassemblent dans la cuisine pour passer à table.
En quoi est-ce utile
Outre l’aspect social, l’activité hebdomadaire de cuisine sert d’outil d’évaluation pour les thérapeutes. Elle leur permet d’observer le comportement verbal et non verbal d’un patient pendant qu’il accomplit une tâche donnée. « Cette activité nous permet d’évaluer les progrès du patient sous plusieurs aspects, comme la capacité à suivre des instructions, le niveau d’indépendance, l’initiative, les capacités décisionnelles, la concentration, la capacité à gérer la frustration, la résolution de problème, la coordination, le niveau d’énergie, la coopération et l’interaction sociale, explique Mélanie. C’est un bon outil qui permet d’évaluer les patients sans qu’ils se sentent évalués. Ça nous donne une autre perspective sur leurs habiletés. »
En général, les patients sont très fiers de leur travail et aiment partager les repas qu’ils ont préparés ; certains gardent même une portion pour donner à leurs parents quand ils viennent les voir. Mélanie explique que ce type d’activité renforce l’estime de soi et favorise l’acquisition de compétences. Certains patients se sont même découvert une passion. « Plusieurs de nos patients réalisent que cuisiner est amusant, et ils continuent à le faire une fois qu’ils sont rentrés à la maison. »