Les causes génétiques de la paralysie cérébrale découvertes par le séquençage du génome entier
29 mars 2024
Des scientifiques canadiens démontrent que la paralysie cérébrale peut être causée à la fois par des facteurs génétiques et environnementaux, ce qui permet d’éclairer le diagnostic et le traitement de cette maladie complexe.
Une étude menée au Canada a permis d’identifier des gènes qui pourraient être partiellement responsables du développement de la paralysie cérébrale.
La paralysie cérébrale (PC), une maladie qui affecte le développement des capacités motrices, est le handicap physique le plus fréquent chez l’enfant. La paralysie cérébrale peut avoir différentes causes environnementales, telles que des infections, des blessures ou un manque d’oxygène avant ou pendant la naissance, mais les facteurs génétiques de la paralysie cérébrale restent largement inconnus.
De nouvelles recherches menées par des scientifiques de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), de l’Hospital for Sick Children (SickKids) et du Holland Bloorview Kids Rehabilitation Hospital permettent d’examiner plus en détail les causes génétiques de la maladie. Leurs résultats, publiés dans Nature Genetics, suggèrent l’existence de nombreuses variantes génétiques contribuant à la PC, ce qui pourrait définir différemment le diagnostic et le traitement futur de ce trouble.
« Nos résultats constituent un pas en avant vers une meilleure compréhension des facteurs de risque génétiques et environnementaux complexes qui peuvent déterminer les chances d’un individu de développer cette maladie qui dure toute la vie. Ils pourront aider à individualiser les approches thérapeutiques futures », déclare la Dre Maryam Oskoui, codirectrice de l’étude, scientifique au sein du Programme en santé de l’enfant et en développement humain à l’IR-CUSM et chef de service de la Division de neurologie pédiatrique à l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME). « Nos riches données offrent les meilleures preuves disponibles pour modifier la pratique clinique afin d’inclure des tests génétiques chez tous les enfants atteints de paralysie cérébrale. »
« Le Registre canadien de la paralysie cérébrale, dans lequel les participants de l’Alberta et du Québec ont été recrutés pour cette étude génomique, a été établi il y a plus d’un quart de siècle à l’HME à l’instigation des familles touchées et des cliniciens concernés, bien avant que les outils moléculaires utilisés dans cet article de recherche ne valident ses importantes conclusions », ajoute le Dr Michael Shevell, coauteur de l’étude, chercheur au Programme en santé de l’enfant et en développement humain de l’IR-CUSM et neurologue pédiatrique à l’HME.
« Le registre a facilité de nombreuses études au fil des ans, chacune d’entre elles ayant contribué à approfondir notre compréhension de cette maladie et à améliorer les soins, à informer les familles et à améliorer les résultats. C’est vraiment un exemple de progrès scientifique où la patience a été récompensée. »
Un enfant sur dix atteint de PC présente une variante génétique associée à sa maladie
Les scientifiques ont procédé au séquençage du génome entier (déterminer l’ensemble des variations de l’ADN) chez 327 enfants atteints de PC, y compris leurs parents biologiques, et les ont comparés à trois cohortes cliniques indépendantes ainsi qu’à deux cohortes de contrôle pédiatriques afin d’identifier si des variantes génétiques sont en cause dans la PC.
L’étude, qui a duré sept ans, a révélé que plus d’un enfant sur dix (11,3 %) présentait une variante génétique ou une variante génétique probable pour sa PC et que 17,7 % des enfants présentaient des variantes d’importance incertaine qui pourraient être liées à la PC après des recherches plus approfondies. De nombreuses variantes se recoupaient également avec d’autres troubles neurodéveloppementaux, notamment les troubles du spectre de l’autisme (TSA), qui sont très répandus chez les enfants atteints de PC.
Les résultats suggèrent que la paralysie cérébrale et ses causes peuvent être beaucoup plus diverses qu’on ne le pensait auparavant et mettent en évidence l’avantage de combiner DOIdes programmes de médecine de précision, un mouvement visant à fournir des soins individualisés à chaque patient.
« Pendant 100 ans, on pensait que la paralysie cérébrale était le résultat de facteurs entièrement environnementaux à la naissance », explique le Dr Stephen Scherer, codirecteur de l’étude, chef de la recherche et scientifique principal au programme de génétique et de biologie du génome à SickKids et directeur du Centre for Applied Genomics. « Maintenant que nous comprenons mieux l’interaction complexe entre les facteurs génétiques et environnementaux de la paralysie cérébrale, nous espérons pouvoir améliorer les soins apportés à ces enfants. »
Cette recherche a été soutenue par les Instituts de recherche en santé du Canada, la Cerebral Palsy Alliance Research Foundation, le Cerebral Palsy Integrated Neuroscience Discovery Network, Illumina, l’Institut ontarien du cerveau, le McLaughlin Centre de la University of Toronto, le Réseau pour la santé du cerveau des enfants, AllerGen NCE, la Fondation canadienne pour l’innovation, Génome Canada, le Centre for Applied Genomics et CGEn, ainsi que la SickKids Foundation.
Cette recherche n’aurait pas été possible sans la participation de patients et de familles de tout le Canada.