Lutter efficacement contre les commotions grâce à l’expertise des spécialistes
26 mai 2016
Manic Noël est un jeune « karaté kid » de 10 ans au talent incroyable. Sa mère Valérie raconte que comme il pratique les arts martiaux depuis l’âge de 3 ans, le sport est un élément important de la vie de son fils. « Au début, nous l’avons inscrit juste pour l’occuper, dit-elle, mais il a vraiment adoré. » Avec les années, le niveau d’habileté de Manic est devenu très élevé, tout comme le temps qu’il consacre à son entraînement. En fait, sa passion pour son passe-temps l’a même conduit jusqu’aux championnats du monde de la World Karate and Kickboxing Commission (WKC) où il a remporté l’an dernier une médaille d’or et deux médailles d’argent. Mais l’hiver dernier, Manic a dû mettre le karaté en suspens après avoir subi deux commotions cérébrales en tout juste deux mois.
Combattre les commotions à répétition
C’est en janvier 2016, alors que Manic était en plein milieu d’une compétition de karaté, qu’il a été frappé à la tête. « J’ai tout de suite vu qu’il présentait plusieurs symptômes de commotion cérébrale », raconte Valérie. Voulant s’assurer qu’il était correct, Valérie a conduit Manic chez le médecin qui lui a recommandé d’arrêter le karaté jusqu’à ce qu’il n’ait plus de symptômes. « Suivant les conseils du médecin, Manic s’est reposé en attendant avec impatience de reprendre ses activités une fois qu’il irait mieux », ajoute-t-elle.
À la mi-mars, Manic a repris la compétition, mais il a été frappé de nouveau. « C’est arrivé très vite la deuxième fois, et on avait l’impression qu’il avait été frappé à l’estomac, rapporte Valérie. Mais les symptômes sont apparus tout de suite : il disait qu’il était très fatigué et qu’il avait mal à la tête, et il voulait s’étendre au sol parce qu’il se sentait nauséeux. Nous l’avons amené dehors prendre l’air, mais il avait du mal à marcher. Quand il a commencé à vomir, nous n’avons pris aucun risque et l’avons conduit directement à l’hôpital », raconte-t-elle.
Prendre un peu de recul pour mieux avancer
« Les commotions cérébrales sont des blessures qu’il faut prendre très au sérieux et qui doivent être traitées par des experts », explique Meghan Straub, physiothérapeute de Manic et membre de la Clinique des commotions cérébrales du centre de traumatologie de l’Hôpital de Montréal pour enfants. « Mais dans un cas comme Manic, quand un patient subit deux commotions sur une période deux mois, nous devons nous assurer de faire une évaluation encore plus approfondie afin d’établir un plan de traitement bien approprié. »
En se basant sur une évaluation globale de son état et sur la gravité de ses symptômes, l’équipe a produit un plan de traitement en 5 étapes qui comprenait des visites en physiothérapie avec Meghan, l’arrêt de toute activité physique et une réduction de la charge de travail à l’école afin de permettre à son cerveau de guérir. « Étant donné que Manic a l’habitude d’être actif et de s’entraîner pour des compétitions, tout cela représentait beaucoup de changement et ç’a été très dur pour lui. En même temps, il a appris à accepter ses limites; et il a bénéficié du soutien de toute l’équipe pour gérer son anxiété et trouver des activités pour s’occuper pendant sa période de repos », poursuit Valérie.
Trouver des activités sans lien avec le sport a été tout un défi pour Meghan, qui raconte avoir cherché des activités sans écran et sans composante sportive pour s’assurer que Manic ait un exutoire tout en continuant à se reposer. « Nous nous sommes concentrés sur le bricolage et les jeux de société, des activités qui peuvent être stimulantes et amusantes tout en restant reposantes », dit-elle.
Patience, le mot clé !
Quand il est temps de reprendre un mode de vie actif après une lésion au cerveau comme une commotion cérébrale, Meghan nous dit qu’un peu de patience peut mener loin. « L’une des clés d’un rétablissement complet dépend de la façon dont les patients respectent les directives que nous établissons pour eux, dit-elle. S’ils respectent bien les consignes et informent leurs parents, leurs entraîneurs et leurs professeurs dès qu’ils ont l’impression que certains symptômes réapparaissent, ils peuvent vraiment bien s’en tirer. Après 7 jours sans symptômes, nous faisons un test d’effort à la clinique. Si le patient réussit tous les tests sans manifester de symptôme, alors il peut reprendre ses activités sportives, en gardant toujours à l’esprit que si un symptôme réapparaît, il doit tout arrêter sur-le-champ, attendre 24 heures et revenir à son plan de traitement, une étape en arrière. »
En ciblant les effets physiques, mentaux et scolaires des commotions cérébrales, le personnel de la clinique s’assure que les patients obtiennent le soutien dont ils ont besoin avec les bons professionnels et au bon moment. « La Clinique des commotions cérébrales, des plus novatrices, travaille selon une approche interprofessionnelle, et a pour objectif de combler les besoins importants liés à une condition médicale qui constitue une préoccupation sociétale de plus en plus grande chez nos jeunes », explique Debbie Friedman, directrice du service de traumatologie et professeure adjointe en pédiatrie.
Manic n’a pas encore terminé les 5 étapes de son plan de traitement, mais il a recommencé depuis peu à faire du karaté, en évitant toutefois tout contact jusqu’à la mi-juillet pour laisser encore du temps à son cerveau pour guérir. « Il a tout de même pu participer récemment au Championnat canadien où il a su se démarquer en préservant pour une 3e année sa première place en Kata traditionnel et en remportant une médaille de bronze en kata traditionnel armé.Jusqu’à maintenant, il a récupéré à 80 %, et il en est ravi, souligne sa mère. Nous sommes très heureux d’avoir eu l’équipe des commotions cérébrales pour nous soutenir. Nous attendons maintenant l’été avec impatience. »