Quand le VRS pèse lourd sur le système de santé canadien

Quand le VRS pèse lourd sur le système de santé canadien

4 octobre 2023

Chaque hiver, les hôpitaux pédiatriques du Canada vivent une vague d’admissions liées au virus respiratoire syncytial (VRS), l’une des principales causes d’hospitalisation chez les enfants. Ces hospitalisations représentent un poids important pour le système de santé et l’adoption de mesures préventives pourraient certainement l’en soulager, montre une étude réalisée par des chercheurs de l’Hôpital de Montréal pour enfants et du BC Children’s Hospital Research Institute.

Le VRS est à l’origine d’infections des voies respiratoires comme la bronchiolite ou la pneumonie.L’étude, publiée aujourd’hui dans JAMA Network Open, recense les hospitalisations liées au VRS entre 2017 et 2022 dans treize hôpitaux pédiatriques canadiens de soins tertiaires participant au Programme canadien de surveillance active de l’immunisation (IMPACT) de la Société canadienne de pédiatrie. Ils représentent plus de 90 % des lits de soins tertiaires pédiatriques au pays. L’étude montre également la courbe épidémique suivie par le virus chaque année, incluant les changements induits par la pandémie de COVID-19.

On y remarque que près de la moitié (49,8 %) des 11 014 hospitalisations liées au VRS comptabilisées pendant cette période sont chez des patients de moins de six mois. Près d’un quart de toutes les hospitalisations (23,6 %) ont résulté en une admission aux soins intensifs et de celles-ci, 60,8 % étaient chez des enfants de moins de six mois.

Chaque année, le VRS rend gravement malades des milliers d’enfants au pays. Nos résultats suggèrent que la mise en place de stratégies préventives chez les bébés de moins de six mois a le potentiel de réduire le fardeau du VRS chez les enfants canadiens de façon importante.

Dr Jesse Papenburg, MD, co-auteur principal de l’étude, infectiologue pédiatrique à l’Hôpital de Montréal pour enfants et scientifique au sein du Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale de  l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill.

Parmi ces mesures potentielles, notons l’administration d’anticorps monoclonaux à longue durée d’action chez les nourrissons (approuvée par Santé Canada en avril 2023), ce qui les protège lors de leur première saison de VRS.

La vaccination des femmes enceintes contre le VRS (en cours d’examen par Santé Canada) est également mise de l’avant par les chercheurs. Elle permettrait aux futures mamans de développer des anticorps qu’elles transmettraient à leur bébé et celui-ci serait protégé pendant ses premiers mois de vie.

L’importance de surveiller la courbe épidémique

L’étude montre aussi qu’après une baisse marquée pendant la saison 2020-2021, les hospitalisations liées au VRS ont augmenté en 2021-2022 (3170 admissions) comparé à la période pré-pandémique (moyenne de 2522 admissions par année).

Les chercheurs ont noté une hausse des hospitalisations liées au VRS débutant à l’été 2021, plus particulièrement au Québec, en Saskatchewan et en Alberta. Une immunité plus basse en raison de l’absence d’infections l’année précédente (probablement en raison des mesures pour contrer la pandémie), combinée à la reprise des activités sociales et au relâchement de la distanciation physique, peuvent expliquer cette augmentation.

Cette recherche est la première étude nationale à décrire les hospitalisations dues au VRS dans les hôpitaux pédiatriques canadiens avec des données d’avant et pendant la pandémie. Surveiller les variations saisonnières des admissions liées au VRS est essentiel pour la planification de la capacité hospitalière des centres pédiatriques.

Julie Bettinger, PhD, épidémiologiste en chef pour IMPACT, scientifique au BC Children’s Hospital Research Institute et professeure de maladies infectieuses pédiatriques à la University of British Columbia.

Par exemple, au Québec, une montée des cas de VRS à l’été 2021 et une fin abrupte en janvier 2022 a forcé le démarrage et la conclusion du programme provincial de palivizumab deux mois plus tôt que prévu. Le palivizumab est un anticorps administré aux bébés plus vulnérables à cause de leur prématurité, d’une maladie pulmonaire chronique ou d’une cardiopathie congénitale.

On constate toute l’importance de la surveillance du VRS, tant régionale que nationale, considérant qu’une utilisation optimale des anticorps monoclonaux et de la vaccination des femmes enceintes dépend en partie du moment de leur administration par rapport à l’activité du virus.

Dr Papenburg, aussi professeur adjoint au Département de pédiatrie de l’Université McGill.

La sévérité des cas et le pourcentage de cas selon l’âge sont cependant demeurés similaires pendant les cinq années étudiées.

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À propos de l’étude

L’étude Pediatric RSV-Associated Hospitalizations Before and During the COVID-19 Pandemic a été réalisée par Malou Bourdeau, Nirma Khatri Vadlamudi, Nathalie Bastien, Joanne Embree, Scott A. Halperin, Taj Jadavji, Kescha Kazmi, Joanne M. Langley, Marc H. Lebel, Nicole Le Saux, Dorothy Moore, Shaun K. Morris, Jeffrey M. Pernica, Joan Robinson, Manish Sadarangani, Julie A. Bettinger, Jesse Papenburg et des membres du Programme canadien de surveillance active de l’immunisation.

doi:10.1001/jamanetworkopen.2023.36863

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