S’attaquer de front aux commotions cérébrales
22 avril 2014
Ça s’est produit en une fraction de seconde – et pas seulement une, mais deux fois. Colleen Lobo, aujourd’hui 18 ans, raconte que même si les souvenirs qu’elle garde des commotions cérébrales subies au secondaire sont un peu flous et que les choses se sont passées bien différemment, les conséquences lui ont semblé particulièrement familières.
Ça s’est produit en une fraction de seconde – et pas seulement une, mais deux fois. Colleen Lobo, aujourd’hui 18 ans, raconte que même si les souvenirs qu’elle garde des commotions cérébrales subies au secondaire sont un peu flous et que les choses se sont passées bien différemment, les conséquences lui ont semblé particulièrement familières.
« Si vous n’avez jamais subi de commotion cérébrale, c’est difficile de comprendre ce que ça fait, explique-t-elle. Mal de tête incessant, perte de concentration, nausées, étourdissements, désorientation, sensibilité à la lumière, au bruit… c’est comme si vous étiez complètement à côté de la plaque. »
Deux commotions cérébrales à deux ans d’intervalle
Colleen était en 4e secondaire quand elle a subi sa première commotion cérébrale dans un cours de mathématique, étonnamment. Un camarade de classe a incliné la chaise de Colleen sur le côté au moment où elle allait s’asseoir; elle a basculé et s’est frappé la tête. Comme elle ne connaissait pas les signes et symptômes d’une commotion cérébrale, elle a d’abord fait fi de sa blessure, présumant que les symptômes disparaîtraient d’eux-mêmes.
« Je ne savais même pas ce qu’était une commotion cérébrale, alors j’ai pensé que je n’avais qu’à me reposer pendant le week-end pour aller mieux. Mais, à aucun moment je n’ai commencé à me sentir mieux. »
Après quatre jours de malaise, ses parents et ses enseignants ont insisté pour que Colleen aille se faire examiner à l’urgence de l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME), où on a diagnostiqué un traumatisme craniocérébral léger (TCCL), aussi appelé « commotion cérébrale ».
Deux ans plus tard, elle s’est retrouvée dans la même situation. Cette fois, Colleen a sauté pour attraper un rebond lors d’un match de basketball, et une de ses coéquipières l’a frappée accidentellement à la tempe.
« J’ai perdu la carte pendant quelques secondes », dit-elle. Heureusement, en raison de son expérience précédente, Colleen savait ce qu’était une commotion cérébrale et elle a pris la sage décision de quitter immédiatement le terrain et de consulter rapidement un médecin.
Elle raconte que sa plus récente expérience a demandé de six à sept mois de récupération, des mois qui ont souvent mis sa patience à rude épreuve. Mais en fin de compte, ça lui a permis de trouver un équilibre entre les exigences de sa vie d’étudiante trépidante et ses nouvelles limites.
« Si vous n’avez pas de commotion cérébrale, vous savez jusqu’où vous pouvez aller, dit-elle; mais quand vous présentez ce type de blessure, vous devez apprendre quelles sont vos nouvelles limites, et ça peut être vraiment difficile à accepter. »
Soigner les commotions cérébrales selon une approche complète proactive
Grâce à une approche interprofessionnelle proactive élaborée par des spécialistes en traumatologie de l’HME dans le cadre du programme TCCL et de la clinique pour les commotions cérébrales, les patients comme Colleen peuvent bénéficier d’évaluations complètes et des interventions d’une variété de spécialistes, allant de la coordonnatrice en traumatologie Helen Kocilowicz, qui assure le dépistage et la coordination des soins, aux physiothérapeutes, psychologues, neuropsychologues et autres consultants au besoin.
Les patients ont ainsi accès aux spécialistes qui peuvent traiter toute une variété de problèmes susceptibles de survenir à la suite d’une commotion cérébrale.
« J’ai pu bénéficier de l’assistance médicale du Dr Sasha Dubrovsky pour mes maux de tête, mais j’ai aussi eu des rencontres chaque semaine avec Lisa Grilli, ma physiothérapeute, pour me remettre sur pied et travailler mon équilibre. Le Dr Yves Beaulieu m’a aussi aidé à parler de mes frustrations, et il m’a donné des trucs pour ma concentration et pour accepter les limites de ce que je peux faire maintenant », raconte Colleen, ajoutant que cette approche lui a permis de se sentir soutenue sur tous les fronts.
S’attaquer aux multiples besoins d’un patient incite à un mécanisme de rétroaction rigoureux, qui, de l’avis du Dr Sasha Dubrovsky, spécialiste médical de Colleen, améliore finalement l’expérience de soins de tous les patients. « Les commentaires de Colleen ont permis d’établir un partenariat de collaboration réciproque qui a aidé à élaborer de nouvelles stratégies de prise en charge des maux de tête pour les futurs patients », souligne-t-il. L’urgentologue pédiatrique attribue à l’expérience de l’adolescence l’inspiration d’une publication sur l’utilisation des blocs nerveux (injection de lidocaïne, un anesthésique) pour la prise en charge des commotions cérébrales après son traitement, une publication qui a eu beaucoup de succès.
« Comme chaque enfant est différent, notre approche est personnalisée », explique Debbie Friedman, chef du service de traumatologie de l’HME. « Il faut répondre à leurs besoins spécifiques en prenant tout en considération : les symptômes du patient, les antécédents médicaux, les problèmes scolaires, les facteurs de stress, les activités sportives et périscolaires, les réactions familiales et les objectifs personnels. »
Mme Friedman insiste pour dire que quand il est question de commotions cérébrales, il est crucial d’adopter une approche proactive pour espérer une issue plus positive. Par conséquent, l’éducation et la sensibilisation sont essentielles à l’approche du centre de traumatologie de l’HME.
« Notre équipe n’aide pas seulement les patients à confirmer un diagnostic définitif; elle travaille aussi avec les enfants, les adolescents, les parents, les enseignants et les entraîneurs pour assurer une période de repos physique et cognitif, et pour les guider dans les différentes phases de récupération pour que les patients soient en mesure de reprendre l’école, les sports et leurs autres activités récréatives et périscolaires, comme la musique et le théâtre. »
Regarder vers l’avenir
Pour sa part, Colleen est très heureuse d’avoir surmonté ses commotions cérébrales avec l’aide de toute l’équipe. « Honnêtement, je ne serais pas arrivée à ce point sans eux », affirme-t-elle.
Colleen en est maintenant à la fin de sa deuxième session au Collège John Abbott, et elle considère que l’expérience vécue avec l’équipe de TCCL de l’HME l’a aidée à entrer au programme de gestion entrepris récemment. Un jour, elle espère étudier à l’École de gestion John-Molson de l’Université Concordia et souhaite consacrer un peu de son temps libre à faire du bénévolat à l’urgence de l’HME.
« J’ai reçu bien plus que de simples conseils et astuces de l’HME, dit-elle; plusieurs des choses que j’ai apprises de l’équipe qui m’a soignée étaient des leçons de vie. »
Éducation et recherche : éléments cruciaux de l’approche pour mieux prendre en charge les commotions cérébrales
L’approche innovatrice du programme TCCL a profité non seulement aux patients et à leur famille, mais également aux commissions scolaires, aux associations sportives, aux décideurs et aux chercheurs.
« Nous sommes extrêmement fiers de jouer un rôle de chef de file dans cet important aspect des soins traumatologiques et nous sommes ravis que notre programme, notre kit pour les commotions cérébrales et nos autres documents d’éducation soient cités comme le modèle de soins par l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux », déclare Mme Friedman.
« Notre programme participe actuellement à plusieurs études multicentriques à l’échelle du Canada sous la direction de la Dre Isabelle Gagnon, dont une qui consiste à développer une base de données pancanadienne sur les commotions cérébrales. Le programme TCCL met l’accent sur la prévention par l’entremise d’interventions et de pratiques fondées sur les résultats, le tout soutenu par des recherches continues. »