Trois fois plus d’amour : célébrer la vie avec des triplets
24 mai 2017
Dès qu’elle a su qu’elle était enceinte, Cristina a eu le pressentiment qu’elle ne portait pas qu’un seul enfant. « Je ne sais pas pourquoi, c’était juste une impression », raconte-t-elle. Ce n’est qu’une fois à l’échographie à 5 semaines de grossesse avec une technicienne à ses côtés qu’elle en a eu la confirmation. « La technicienne était très silencieuse, et après quelques minutes j’ai demandé : “En voyez-vous deux?” Elle s’est tournée vers moi et m’a dit : “non, trois!” » La nouvelle a pris Christina et son mari par surprise; ils avaient toujours voulu une grande famille, mais jamais ils n’auraient imaginé avoir des triplets!
« Wow! est le seul mot qui est sorti de ma bouche. Je m’attendais à deux, alors trois, ce n’était pas très loin! » Après le premier déferlement d’émotions, Cristina dit qu’elle a eu tout de suite une foule de questions à poser à son médecin qui la suivait à l’Hôpital Royal Victoria. Portant trois bébés plutôt qu’un, elle voulait être sûre que tous les trois étaient en santé et en sécurité. « Mon médecin m’a prévenu que l’un des risques d’une grossesse multiple était d’accoucher prématurément, et que nous ne pouvions pas savoir avec certitude pendant combien de temps je pourrais les porter, explique-t-elle. Dès que nous avons su que nous attendions des triplets, on m’a fait des échographies hebdomadaires qui chaque fois montraient que leur cœur battait et qu’ils se développaient, et je me suis dit qu’en dépit des risques, nous pouvions y arriver. »
Cristina raconte que sa grossesse se déroulait bien, et qu’elle a été capable de travailler jusqu’à 19 semaines. « Je me sentais vraiment bien, et je n’ai même pas eu beaucoup de nausées. J’ai même pu prendre l’avion pour aller en Moldavie entre la 12e et la 15e semaine, dit-elle. Mais, à mon rendez-vous de 19 semaines, mon médecin a remarqué que la longueur de mon col avait diminué. » Comme les risques d’accouchement prématuré augmentent quand la longueur du col diminue, les médecins de Cristina ont décidé de l’hospitaliser immédiatement et de la garder alitée. Pour éviter que son col raccourcisse encore plus, ils ont pratiqué une petite opération pour empêcher le début du travail à 22 semaines.
« L’objectif était de permettre aux bébés de se développer le plus longtemps possible dans l’utérus », précise-t-elle. À 24 semaines et 6 jours, Cristina raconte s’être réveillée après la sieste pour se rendre compte qu’elle avait saigné. Les médecins ont réagi rapidement, espérant minimiser les risques de complications. « Une heure et demie plus tard, j’avais subi une césarienne et mes trois bébés étaient nés », dit-elle. C’est ainsi qu’à l’été 2013, Cristina et son mari ont accueilli deux filles, Maria et Sophia, et un garçon, Alexandru.
Comme ils étaient nés prématurément, les trois bébés ont immédiatement été transférés à l’unité de soins intensifs néonatals (USIN), où ils ont eu besoin d’appareils pour respirer et ont dû être surveillés étroitement par le personnel infirmier. « Il y avait de bonnes journées, puis le lendemain, il y avait un problème, explique Cristina. Ils étaient tellement petits, et je priais pour que tout aille bien. » Une chose lui a donné un but pendant les 4 mois de leur hospitalisation, c’était d’être capable de tirer son lait pour le donner à ses bébés, d’abord à l’aide d’une seringue, puis au biberon. « J’avais l’impression que le lait maternel était une bonne option, parce qu’ils étaient tellement petits, dit-elle. Puis, peu à peu, ils ont pris des forces. Lentement, les choses se sont améliorées. J’ai essayé de prendre un jour à la fois, et de ne pas me projeter trop en avant. » Puis, après des mois à l’hôpital, le jour est enfin venu où les trois bébés ont pu rentrer à la maison. D’abord une des filles, puis son fils et son autre fille ont été réunis à la maison.
S’habituer à vivre avec un enfant prématuré à la maison est déjà tout un défi; Cristina affirme qu’en avoir trois est parfois écrasant. « Mon mari a pu prendre cinq semaines de congé de paternité au début, ce qui a beaucoup aidé, parce qu’on cherchait encore comment s’organiser pour tout gérer, raconte-t-elle. Nous avons aussi rencontré l’équipe de suivi néonatal du Children qui nous a tout appris, de la façon de donner le bain à un bébé prématuré à la façon d’allaiter, puisque jusqu’à ce moment, j’avais tiré mon lait. »
Cristina souligne que le plus dur était de tenir le rythme, et que pour se donner un peu de repos, elle et son mari ont décidé de passer au biberon et de veiller à tour de rôle pour s’assurer que chaque bébé soit nourri et changé à intervalles réguliers. « Mais, mon mari a dû retourner au travail, et j’ai trouvé très difficile de me faire à son absence. Heureusement, ma belle-mère est venue rester chez nous pendant trois mois et m’a beaucoup aidée, rapporte Cristina. Et c’est le conseil que je donnerais aux parents de nouveau-nés multiples : acceptez toute l’aide que vous pouvez, parce que ce n’est pas facile de tout faire soi-même. »
Aujourd’hui, Cristina raconte que Maria, Sophia et Alexandru sont en excellente santé et que chacun d’eux développe ses propres intérêts et sa propre personnalité. Maria adore dessiner, Sophie préfère danser et chanter tandis qu’Alexandru est captivé par les voitures. « Maintenant qu’ils sont plus vieux, on oublie presque les moments difficiles du temps où ils étaient bébés! Je me souviens quand ils étaient petits m’être demandé à quel moment ce serait plus facile, et nous y sommes déjà! Parfois, quand ils jouent, ils se prennent dans leur bras et se font un câlin de groupe; c’est l’émotion la plus formidable au monde. Quand je les vois comme ça, je sais que nous avons fait ce qu’il fallait. »