Une étude confirme l’efficacité d’une application qui évalue le risque de syndromes de prédisposition au cancer chez les enfants atteints de cette maladie
7 octobre 2021
L’outil de dépistage des prédispositions au cancer MIPOGG a été développé à
l’Hôpital de Montréal pour enfants et à l’Hôpital SickKids
Montréal, le 7 octobre 2021 – Environ un patient pédiatrique atteint d’un cancer sur dix présente un syndrome de prédisposition au cancer (SPC) – une maladie génétique sous-jacente qui prédispose l’enfant ou l’adolescent à développer un cancer. Or, malgré l’importance que cela revêt pour la gestion et la surveillance du cancer, diagnostiquer un SPC demeure un défi. Une nouvelle étude menée par une équipe de chercheurs de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), de l’Hôpital de Montréal pour enfants et de l’Hôpital pour enfants malades de Toronto (SickKids) montre qu’un outil électronique de santé gratuit et facilement accessible appelé MIPOGG (McGill Interactive Pediatric OncoGenetic Guidelines) est capable de distinguer la probabilité faible ou élevée qu’un enfant atteint de cancer ait un SPC. L’étude, publiée aujourd’hui dans JAMA Oncology, fait de MIPOGG le seul outil de dépistage électronique des SPC en oncologie pédiatrique ayant complété une série d’évaluations de performance établissant ses mesures de précision diagnostique.
Le diagnostic d’un SPC chez un enfant ou un jeune est important, car il permet d’adapter le traitement anticancéreux actuel du patient, de proposer un dépistage aux membres de sa famille et, par la suite, de fournir des services de surveillance du cancer afin de détecter plus rapidement de nouveaux cancers. Avec plus de 100 SPC connus pouvant entraîner un cancer chez les enfants et les adolescents et aucune méthode standardisée d’évaluation du risque de SPC chez les enfants et les jeunes atteints de cancer, il est souvent difficile pour les médecins de savoir lequel de leurs patients présente un SPC sous-jacent.
« Poser un diagnostic de SPC nécessite l’expertise d’un clinicien, l’accès à des tests génétiques et aux professionnels pour interpréter les résultats. Bien que certains grands hôpitaux universitaires aient la capacité d’offrir des tests génétiques à chaque patient en oncologie, la plupart des hôpitaux ne sont pas en mesure d’offrir des évaluations génétiques à tous leurs patients (ou à aucun d’entre eux) », explique la Dre Catherine Goudie, hématologue-oncologue pédiatrique à l’Hôpital de Montréal pour enfants et chercheuse dans le programme en santé de l’enfant et en développement humain à l’IR-CUSM.
« MIPOGG répond à un réel besoin, car il permet aux médecins d’identifier rapidement les enfants qui présentent un risque accru d’avoir un syndrome de prédisposition au cancer et de mieux identifier ceux qui peuvent bénéficier de tests génétiques », ajoute-t-elle.
Né d’une idée de la Dre Goudie et du Dr William Foulkes, généticien clinique du cancer et scientifique principal dans le programme de recherche sur le cancer à l’IR-CUSM, MIPOGG utilise des algorithmes décisionnels pour analyser les données des patients, ainsi que les antécédents personnels et familiaux, afin de trouver des associations reconnues avec des SPC spécifiques. Lorsque cela est nécessaire, il génère une recommandation pour demander une évaluation génétique afin de confirmer la présence d’un SPC. Le développement scientifique de l’outil est le résultat de cinq années de travail, impliquant une équipe de chercheurs et d’étudiants dirigée par la Dre Goudie, le Dr Foulkes et le Dr David Malkin, oncologue principal et scientifique senior du programme de recherche en génétique et biologie du génome à SickKids. Déjà utilisé par plus de 800 professionnels de la santé et étudiants dans plus de 50 pays, MIPOGG est disponible sous forme d’application gratuite en anglais et en français et fonctionne avec tous les types de cancer chez les enfants et les adolescents.
« Les outils de prise de décision clinique qui peuvent aider à soutenir le diagnostic précoce potentiel du cancer sont essentiels pour l’avenir de la médecine individualisée, et pour renforcer notre capacité à améliorer les résultats des patients et à soutenir les enfants, les jeunes et les familles dans leur parcours de soins, dès le premier jour », déclare le Dr Malkin, coresponsable de l’initiative Precision Child Health à SickKids.
Dans cette étude internationale, les chercheurs ont évalué les performances de MIPOGG chez plus de 1 000 enfants atteints de cancer sur 15 sites. Après avoir effectué une évaluation rétrospective des données des patients et de leurs antécédents familiaux avec MIPOGG, ils ont constaté que l’outil était capable d’identifier rapidement les enfants et les adolescents présentant un risque élevé d’avoir un SPC.
« MIPOGG a correctement recommandé une évaluation génétique à 99,5 % des patients présentant un SPC. De plus, tous les patients qui ont par la suite développé un second cancer ont été identifiés à un moment plus précoce qu’ils ne l’ont été par les professionnels de la santé », déclare Lara Reichman, conseillère en génétique au CUSM et co-auteure de l’étude.
L’équipe a également évalué les propriétés de mesure réelles du MIPOGG en les comparant au séquençage génétique complet des patients en oncologie. Le MIPOGG a démontré un profil de précision diagnostique très favorable : les enfants qui ont obtenu un résultat positif au MIPOGG avaient 17,6 % de chances d’avoir un SPC (valeur prédictive positive), et ceux qui ont obtenu un résultat négatif avaient 98,6 % de chances de ne pas avoir de SPC (valeur prédictive négative). De plus, 90,7 % des patients chez qui un SPC a été découvert par séquençage génétique ont été identifiés par le MIPOGG comme étant à haut risque.
« L’un des problèmes liés au test de nombreux gènes chez les enfants atteints de cancer est que toutes les altérations identifiées ne provoquent pas réellement le cancer, explique le Dr Foulkes. MIPOGG peut également aider ici, car il n’identifie généralement que les associations réellement causales entre les gènes altérés et le cancer. Par conséquent, il peut également aider à établir des priorités et à rationaliser les ressources de soins de santé en matière de génétique du cancer. » Dans une autre étude, récemment publiée dans le Journal of Clinical Oncology, l’équipe de chercheurs a montré que MIPOGG peut aider à prédire quels survivants de cancers infantiles risquent de développer d’autres cancers plus tard dans leur vie. Avec cette nouvelle étude, elle apporte la preuve que MIPOGG fait réellement ce qu’il est censé faire, c’est-à-dire identifier correctement les SPC qui sont la cause du cancer d’un enfant.
À propos de l’étude
L’étude Performance of the McGill Interactive Pediatric OncoGenetic Guidelines for Identifying Cancer Predisposition Syndromes (MIPOGG) – Performance of a Prediction Tool for Identifying Cancer Predisposition Syndromes a été réalisée par Catherine Goudie, Leora Witkowski, Noelle Cullinan, Lara Reichman, Ian Schiller, Melissa Tachdjian, Linlea Armstrong, Katherine A. Blood, Josée Brossard, Ledia Brunga, Chantel Cacciotti, Kimberly Caswell, Sonia Cellot, Mary Egan Clark, Catherine Clinton, Hallie Coltin, Kathleen Felton, Conrad V. Fernandez, Adam J. Fleming, Noemi Fuentes-Bolanos, Paul Gibson, Ronald Grant, Rawan Hammad, Lynn W. Harrison, Meredith S. Irwin, Donna L. Johnston, Sarah Kane, Lucie Lafay-Cousin, Irene Lara-Corrales, Valerie Larouche, Natalie Mathews, M Stephen Meyn, Orli Michaeli, Renée Perrier, Meghan Pike, Angela Punnett, Vijay Ramaswamy, Jemma Say, Gino Somers, Uri Tabori, My Linh Thibodeau, Annie-Kim Toupin, Katherine M. Tucker, Kalene van Engelen, Stephanie Vairy, Nicolas Waespe, Meera Warby, Jonathan D. Wasserman, James A. Whitlock, Daniel Sinnett, Nada Jabado, Paul C. Nathan, Adam Shlien, Junne Kamihara, Rebecca J. Deyell, David S. Ziegler, Kim E. Nichols, Nandini Dendukuri, David Malkin, Anita Villani et William D. Foulkes
Le financement du développement de MIPOGG et de cette étude a été assuré par la Fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants, le Centre de cancer des Cèdres / le Fonds de Sarah des Cèdres, la Fondation SickKids, le Groupe d’oncologie pédiatrique de l’Ontario (POGO), les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS), la Société de recherche sur le cancer, le défi TD Prêts à agir / Banque TD, la Fondation Charles-Bruneau, le Garron Family Cancer Centre – Great Cycle Challenge et la Fondation Cole.