Une journée dans la vie d’un… technicien à la salle des plâtres!
23 novembre 2017
Reg Kennedy manipule des os fracturés depuis 32 ans. Il est l’un des sept techniciens de la salle des plâtres de l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME). « J’ai commencé ma carrière comme préposé aux bénéficiaires (PAB) à l’HME, mais on cherchait des gens pour mettre des plâtres, alors j’ai postulé et j’ai eu la chance d’être entraîné par George Kafalis, lui aussi technicien à la salle des plâtres qui compte 40 ans d’expérience », raconte-t-il.
Une journée type commence à 7 h par une visite de Reg au département d’urgence pour voir combien de patients ont besoin d’un plâtre. « Certains jours, il n’y a personne, tandis qu’à d’autres, je fais des plâtres sans arrêt. » En moyenne, Reg fait cinq plâtres par jour, et chaque application peut prendre entre cinq minutes et une heure, selon la situation. Les journées plus calmes, il travaille encore comme PAB dans différents départements de l’hôpital. « Je n’ai vraiment pas un horaire régulier, dit-il. Je travaille dans différents secteurs de l’urgence et, occasionnellement, à la clinique d’orthopédie du 2e étage. »
L’art d’appliquer les plâtres
En plus de sa formation de PAB, Reg est aussi diplômé en beaux-arts, et il utilise encore sa créativité, mais d’une façon bien différente. « Travailler dans un hôpital demande souvent de penser autrement, dit-il. Et de toute évidence, être créatif aide. » Comme la majorité des travailleurs de la santé peuvent en témoigner, chaque cas rencontré est différent. « Je dois trouver le bon produit qui convient à la bonne situation et au bon patient », explique-t-il.
Les plâtres synthétiques ont la cote, parce qu’ils viennent en différents modèles et en plusieurs couleurs, mais ils ne conviennent pas à toutes les situations. Ce type de plâtre sèche en deux minutes et convient mieux aux patients plus âgés qui sont capables de rester immobiles pendant l’application du plâtre. « Je choisis le type de plâtre en fonction de la fracture et du patient. Par exemple, je ne choisirais pas un plâtre synthétique pour un enfant autiste, parce que ce serait trop difficile à appliquer. »
Dans de telles situations, son plâtre passe-partout est le plâtre traditionnel. Ce dernier est plus facile à appliquer, parce que Reg peut gérer sa vitesse de séchage. Le plâtre sèche quand on y applique de l’eau chaude; alors si Reg a besoin de plus de temps pour mettre le plâtre bien en place, il applique de l’eau froide pour prolonger la période de séchage. « De plus, les plâtres traditionnels sont non toxiques et très flexibles. Et ils existent depuis le temps des Romains! »
Gérer les situations difficiles
Reg travaille principalement au département d’urgence, où il voit vraiment toutes sortes de patients. Dans les cas très douloureux, une infirmière est appelée en renfort pour mettre le patient sous intraveineuse, tandis que le chirurgien orthopédiste aide Reg à remettre l’os en place. « Pendant le processus d’application du plâtre, je dois m’assurer que l’os ne bouge pas une fois l’enflure disparue et les muscles diminués de volume. Si l’os doit être remis en place, nous utilisons la traction pour aligner les os, puis nous plâtrons, après quoi nous avons recours à l’imagerie pour confirmer que tout est à la bonne place », dit-il. Dans certaines situations difficiles, il faut prendre une radiographie avant et après la mise en place du plâtre pour nous assurer que l’os n’a pas bougé pendant l’application. « Nous ne procédons ainsi que pour des cas graves, et uniquement si c’est nécessaire, parce que nous ne voulons pas surexposer les patients aux radiations. »
Il existe plusieurs situations très complexes, comme la pose d’un plâtre pelvipédieux – un corset plâtré qui immobilise la hanche ou l’humérus de l’enfant, ou encore la pose d’un plâtre sur un patient qui a aussi des lacérations qui doivent être nettoyées. « Dans un tel cas, je dois découper une petite fenêtre dans le plâtre pour pouvoir désinfecter la blessure, explique-t-il. C’est compliqué, parce que le patient est déjà en douleur, et je dois utiliser une scie oscillante pour faire un trou dans le plâtre. » Il lui est déjà même arrivé de mettre un plâtre à un patient très violent qui portait des menottes. « J’ai vu beaucoup de choses dans ma carrière! »
C’est aussi à Reg que revient la responsabilité de décider de la façon dont la jambe ou le bras doit être positionné pour assurer une bonne guérison, et il passe beaucoup de temps à enseigner aux parents comment s’occuper du plâtre. « Je leur montre aussi les radiographies de l’os brisé, parce que les enfants aiment les prendre en photo pour leur page Facebook », dit-il en riant. Pour savoir si les os fracturés des patients guérissent bien, Reg fait aussi un suivi avec le département d’orthopédie après la visite de contrôle une semaine après la pose. « J’apprécie ce retour d’information, parce que je cherche toujours à m’améliorer et à mieux faire les choses, dit-il. Je fais tout ce que je peux pour que les patients n’aient pas à revenir. »
Même si l’expérience vécue par les patients en salle des plâtres est parfois difficile, Reg fait de son mieux pour les aider à passer à travers. « Je leur dis que ce moment est douloureux à court terme, mais bénéfique à long terme. »
Des paroles sages d’un technicien à la salle des plâtres qui a appliqué plus de 35 200 plâtres au cours de sa carrière.