Une journée dans la vie d’une… ergothérapeute
18 octobre 2019
Octobre est le Mois national de l’ergothérapie au Canada
Christine Labelle est ergothérapeute et travaille pour la Division de néonatologie à l’unité de soins intensifs néonatals (USIN) et à la clinique de suivi néonatal. Quand ses enfants lui demandent ce que maman fait, elle résume facilement son travail : « Je leur dis que je prends soin des bébés, et que je leur apprends à se nourrir et à se développer », dit-elle.
Christine a commencé à travailler à l’USIN de l’HME en 2005 après avoir obtenu son diplôme à l’Université McGill. Elle a toujours voulu travailler en pédiatrie, et elle espérait vraiment œuvrer auprès des nouveau-nés. Elle a donc ressenti un immense privilège quand elle est enfin devenue l’une des rares ergothérapeutes du Québec à travailler dans une unité de soins intensifs néonatals.
Au moment de sauter dans l’arène, elle s’est sentie intimidée, mais elle a aussitôt été conquise par le travail.
« La première fois que j’ai tenu un nouveau-né dans mes bras pour lui donner le biberon et évaluer sa capacité à s’alimenter oralement, je me suis dit que j’avais de la chance d’être ici et de faire ça. Et je me considère encore extrêmement chanceuse de pouvoir exercer mon métier auprès d’une population aussi vulnérable, et de travailler chaque jour avec une équipe et des familles extraordinaires. C’est plus qu’un emploi; c’est un privilège incroyable de travailler dans un domaine où vous pouvez apprendre chaque jour et sentir que vous faites une différence. »
Parmi les patients de Christine se trouvent des bébés prématurés et nés à terme dont les problèmes de santé nécessitent des soins particuliers. Son travail commence à la naissance d’un enfant; elle évalue le risque que l’enfant développe ou ait déjà des problèmes d’alimentation, et le risque qu’il présente des retards de développement, après quoi elle se penche sur les solutions. Pour la population de nouveau-nés de l’USIN, les soins « neuroprotecteurs » sont importants et irremplaçables parce que ces bébés fragiles peuvent voir leur développement directement affecté par l’environnement. Christine collabore étroitement avec les familles pour comprendre les signes donnés par le bébé et discuter des meilleures stratégies à adopter pour limiter le stress que vit un bébé pendant son séjour à l’USIN. L’objectif, c’est d’optimiser le positionnement et le développement du bébé, et d’apprendre aux familles comment stimuler et encourager l’alimentation par voie orale.
« À l’USIN, vous travaillez avec des parents et des bébés qui traversent des moments extrêmement difficiles dans une période fragile de leur vie. Il y a bien des cas et des moments difficiles, notamment quand il faut annoncer de mauvaises nouvelles aux familles; ce sont là les pires moments. Mais, ce sont aussi ces mêmes familles qui nous portent et nous motivent — elles font preuve de tellement de résilience et de courage dans l’adversité, dit Christine. Et puis, quand un bébé sourit, vous avez la plus belle récompense qu’on puisse demander. »
Pour la santé des patients de Christine, il est essentiel de respecter une routine. Christine doit sans cesse adapter son horaire aux bébés pour les voir aux moments qui leur convient le mieux.
« Je m’assure de ne jamais perturber le sommeil d’un bébé, et j’adapte mes interventions en fonction du stress que le bébé peut avoir subi cette journée-là, explique Christine. Nous pouvons faire une intervention hâtive, puis diriger le bébé vers les services nécessaires le plus tôt possible. »
Christine partage sa charge de travail avec sa collègue ergothérapeute, Sarah Milton. Toutes deux s’assurent de faire le lien avec la grande équipe multidisciplinaire qui comprend des physiothérapeutes, des nutritionnistes, des travailleurs sociaux et des médecins.
Le jour de notre rencontre, Christine devait aller à l’USIN voir une fillette née avec de multiples malformations congénitales, incluant des malformations faciales et crâniennes susceptibles de nuire à son alimentation orale et à sa respiration. Malgré de nombreuses opérations craniofaciales, la fillette se développait favorablement, et elle arrivait à bien manger et bien boire. Elle s’apprêtait à recevoir son congé après 13 mois d’hospitalisation.
« C’est toujours intéressant de voir l’évolution de chaque patient, rapporte Christine. Au début, les parents sont souvent ébranlés et stressés, parce qu’une admission à l’USIN est toujours extrêmement traumatisante. Mais, c’est tellement gratifiant de voir d’où le bébé est parti et tout ce qu’il a accompli, et de voir un enfant heureux qui se développe bien. »