Vingt-cinq ans sans cancer

Vingt-cinq ans sans cancer

12 juin 2019

Il y a 25 ans, j’ai reçu un diagnostic de leucémie alors que j’avais 6 ans. À cette époque, la technologie et la médecine n’avaient rien à voir avec ce qu’on connaît aujourd’hui. Mes parents ont dû prendre une décision rapidement et choisir entre les traitements disponibles et un nouveau traitement qui venait tout juste de sortir. J’ai fini par faire partie d’une étude expérimentale.

Et j’ai failli mourir 3 fois.

Le jour où mes parents m’ont amenée à l’Hôpital de Montréal pour enfants, les infirmières ne savaient pas ce qui n’allait pas avec moi. Je ne pense pas que je serais encore vivante aujourd’hui si une médecin qui est passée devant ma chambre n’avait pas décidé de venir voir de plus près ce qui se passait. Elle a remarqué que mes cellules sanguines étaient visibles sur mes bras. Elle a su tout de suite que c’était grave, et elle a dit à tout le monde de quitter la chambre. Quelques jours plus tard, j’ai reçu un diagnostic de leucémie. C’est vraiment être au bon endroit au bon moment! Je serai éternellement reconnaissante à cette médecin.

Combattre le cancer pendant 3 ans étant enfant a été dur, pas seulement pour moi, mais aussi pour toute ma famille. Ma mère, mon père et ma grande sœur ont été à mes côtés tout au long de ce périple. Mes grands-parents venaient me visiter chaque semaine pour m’apporter mon plat préféré (parce que je ne voulais pas manger la nourriture de l’hôpital). Mon oncle me faisait parvenir par la poste un dessin humoristique de son cru tous les jours pour me remonter le moral. Le soutien qu’ils m’ont donné est ce qui m’a aidé à passer à travers tout ça; je ne pense pas que j’aurais pu lutter autrement. 

J’ai subi une foule de tests de moelle osseuse, de ponctions lombaires, de transfusions de plaquettes, de transfusions sanguines et de traitements de chimiothérapie. C’était le pire. Les médicaments étaient puissants, et à cause d’eux, je me sentais vraiment bizarre. Je me souviens qu’on m’a dit que je perdrais mes cheveux à cause de la chimio. Ma mère s’est assise près de moi pour m’expliquer ce qui allait se passer, en décrivant ça comme les changements de saison : en automne les feuilles tombent des arbres, puis au printemps, elles repoussent. C’est ce qui allait se passer avec mes cheveux. On m’a aussi installé une voie d’accès dans la poitrine pour que les infirmières puissent plus facilement prélever des échantillons de sang parce que je criais et me débattais quand elles venaient me piquer avec des aiguilles au milieu de la nuit.


Comme je faisais beaucoup de séjours à l’hôpital, je manquais souvent l’école, mais mes camarades de classe et mes professeurs venaient me voir ou m’envoyaient des vidéos pour me transmettre leurs vœux de bonne santé. Les infirmières de l’hôpital ont même parlé aux autres enfants de mon école pour leur expliquer ce qui m’arrivait. Les infirmières étaient formidables, et elles ne ménageaient pas leurs efforts pour nous aider, et ce, à toute heure du jour et de la nuit. Ma mère s’est beaucoup impliquée pour qu’on ait de la musicothérapie dans notre salle de jeu; on a aussi fait beaucoup de bricolage et de jeux ensemble. J’ai connu ma meilleure amie Dianna à l’hôpital, et on est encore amies aujourd’hui. Je la considère comme ma 2e sœur, et je suis vraiment chanceuse de partager une telle amitié avec quelqu’un qui peut s’identifier à mon expérience.

Un autre souvenir formidable que j’ai, c’est quand la Fondation Rêves d’enfants m’a permis de réaliser un rêve et a organisé des activités amusantes pour nous aux Fêtes. Une année, on est montés à bord d’un avion en se faisant dire qu’on allait au pôle Nord visiter le père Noël. L’avion a décollé, puis une fois dans les airs, on a entendu de gros coups et des cliquetis sur le toit. C’était le père Noël et ses rennes qui se posaient sur notre avion. Peu après, le père Noël est apparu derrière le rideau! On n’arrivait pas à y croire, et je jure que c’est le moment le plus magique de mon enfance. Je ne l’ai jamais oublié. 

Aujourd’hui, je suis en rémission depuis 25 ans, et la vie est formidable. Je n’avais pas vu ma lutte contre le cancer comme un exploit, mais plutôt comme une chose dont on ne parle pas, parce que ça met les gens mal à l’aise. Même si j’ai une cicatrice sur la poitrine, je balayais ça du revers de la main quand les gens posaient des questions. Et un jour, il y a quelques années, ça m’a frappé de plein fouet en parlant à un parfait étranger : j’ai vaincu le cancer. La vie m’a donné une deuxième chance, et je ne devais pas la tenir pour acquise, c’est vraiment une bénédiction.

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