Voici ROSA™, le nouveau membre de l’équipe de neurochirurgie du Children
20 octobre 2021
ROSA™, une plateforme robotisée, aide à identifier rapidement, en toute sécurité et avec précision les anomalies cérébrales qui déclenchent l’épilepsie chez les enfants.
Santiago, 5 ans, est atteint d’une maladie rare appelée sclérose tubéreuse. Cette maladie génétique entraîne le développement de dizaines et de dizaines d’excroissances bénignes (masses dures non cancéreuses) dans de nombreuses parties de son corps, dont le cerveau et autres organes tels que les reins, le cœur, les yeux et les poumons. Dans son cerveau seulement, on retrouve de 40 à 50 excroissances de différentes tailles. Deux de celles-ci sont à l’origine de ses deux différents types de crises d’épilepsie. Mais, lesquelles? ROSA™ va aider à le découvrir.
ROSA™ est le nouveau venu de l’équipe de neurochirurgie de l’Hôpital de Montréal pour enfants (le Children). Hébergé dans la Suite d’intervention cérébrale pédiatrique, ROSA™ est le premier assistant médical robotisé en service dans un hôpital pédiatrique au Québec. ROSA™ permet une chirurgie plus sûre et moins invasive pour soulager l’épilepsie, connue sous le nom d’implantation stéréotaxique d’électrodes. Le robot optimise l’insertion d’électrodes dans le cerveau par de minuscules incisions. Les électrodes permettent de détecter toute activité cérébrale anormale. Et dans le cas de Santiago, elles permettent d’identifier exactement les excroissances qui provoquent ses crises afin qu’elles soient retirées.
ROSA™ change la donne
Pour préparer cette opération peu invasive, le Dr Kenneth Myers, le neurologue et épileptologue de Santiago, demande d’abord une série de tests qui permettront d’identifier la ou les tumeurs en cause. Les tests comprennent, entre autres :
- une IRM (imagerie par résonance magnétique), pour identifier l’emplacement des 40-50 excroissances,
- un test des ondes cérébrales, également appelé EEG (électroencéphalogramme), pour rechercher des modifications des schémas électriques du cerveau liées à des crises
Grâce à ROSA™, les chirurgiens peuvent détecter la ou les parties du cerveau à l’origine des crises beaucoup plus rapidement et avec beaucoup plus de précision.
Armé des résultats de ces tests, le Dr Roy Dudley, neurochirurgien, a préparé la procédure stéréotaxique de Santiago. Dans un premier temps, il a utilisé l’ordinateur de ROSA™ pour concevoir des trajectoires sûres pour chacune des 17 minuscules électrodes (0,8 mm de diamètre) qui devaient traverser le cerveau du petit garçon – évitant tous les vaisseaux sanguins, et s’immobilisant dans et autour des différentes excroissances. Puis, le jour de l’intervention, le Dr Dudley a actionné le bras robotisé de ROSA™ pour se déplacer vers chacun des points d’entrée préprogrammé dans le crâne de Santiago; le robot maintient son bras rigide parfaitement stable, ce qui permet au médecin de percer de minuscules trous à des points précis. Le robot permet d’éliminer l’erreur humaine millimétrique qui se produirait sans guidage stéréotactique-robotique.
C’est parti!
Le Dr Dudley glisse ensuite les électrodes dans les minuscules incisions profondément dans le cerveau de Santiago, sans affecter aucune des structures cérébrales essentielles qui contrôlent, par exemple, la vision, le langage ou le mouvement.
Cette procédure innovante n’a pas nécessité de couper les cheveux de l’enfant, ni d’ouvrir son cuir chevelu ou de retirer un morceau de son crâne. Grâce à ROSA™, le temps d’implantation des électrodes est réduit de 6 heures à 2 heures.
Avec ROSA™ dans l’équipe, les enfants comme Santiago endurent beaucoup moins de traumatismes physiques tels que douleurs, gonflements, saignements, fuites de liquide céphalo-rachidien et infections. Le risque de complication est extrêmement faible, et lorsque les électrodes sont retirées, l’enfant peut rentrer à la maison dès le lendemain matin.
Quelques heures après l’intervention, l’équipe de neurologie a pu identifier précisément les deux excroissances à l’origine des crises d’épilepsie de Santiago. Une excroissance située du côté droit de son cerveau provoquait 2 à 3 crises apparentes par semaine, alors qu’une autre excroissance localisée du côté gauche de son cerveau provoquait près de 100 crises imperceptibles par jour. Les crises, même imperceptibles, sont problématiques car elles nuisent gravement au développement du cerveau.
La chirurgie du cerveau
Armé de l’emplacement précis des excroissances responsables, le neurochirurgien Jean-Pierre Farmer a pratiqué deux interventions chirurgicales. Il serait trop long et trop traumatisant pour le patient de subir une opération des hémisphères droit et gauche du cerveau en une seule intervention. La première chirurgie a eu lieu quelques semaines après la procédure stéréotaxique. Puis, après une période de récupération de 7 semaines, Santiago a subi la deuxième opération pour retirer l’excroissance à l’origine des crises d’épilepsie apparentes.
Santiago est rentré chez lui 5 jours après sa deuxième opération. Ses parents ont remarqué un progrès dans son développement après la première opération, et ils n’ont pas vu d’autres crises depuis. Son état continuera d’être suivi par le Dr Myers et le Dr Farmer, ainsi que par d’autres spécialistes du Children.
Une fin de conte de fées incertaine
Nous espérons que l’histoire de Santiago se terminera bien, mais l’avenir est difficile à prévoir pour les enfants atteints de sclérose tubéreuse. Dans quelques années, il est possible qu’une autre excroissance dans le cerveau déclenche à nouveau des crises d’épilepsie. De même, les autres masses éparpillées dans son corps pourraient entraîner d’autres problèmes médicaux, tels que des problèmes rénaux ou cardiaques, ou encore de vision. Quoi que l’avenir réserve, les experts du Children seront là pour Santiago et sa famille.
La Fondation de l’Hôpital de Montréal pour enfants et les équipes de neurologie et de neurochirurgie sont profondément reconnaissants à leur partenaire dévoué, Opération Enfant Soleil, qui a fait don d’un million de dollars pour financer l’achat de ROSA™.