C’est en forgeant qu’on devient forgeron

C’est en forgeant qu’on devient forgeron

20 mars 2018

Simulation multidisciplinaire pour améliorer les soins aux patients

Le mois dernier, plus de 50 professionnels de la santé de l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME) ont participé à une simulation en médecine d’urgence pédiatrique pour un cas 10/10, soit le plus grave trauma vu à l’urgence. Sur les 50 professionnels impliqués, environ 20 ont pris part activement à la simulation pendant que les 30 autres y assistaient en direct par vidéo à l’auditorium de l’Institut de recherche. L’exercice a été organisé et mis au point par une équipe sous la direction de la Dre Ilana Bank, spécialiste en médecine d’urgence pédiatrique et directrice du programme de simulation de l’HME au Centre de simulation pédiatrique. L’équipe a travaillé sur un mannequin, « le patient », représentant un garçon de 14 ans conduit à l’urgence après un accident de mobylette. Une actrice a rejoint l’équipe pour jouer le rôle de la mère du patient, et la technologie ALSi a été utilisée pour afficher les signes vitaux du patient. Même s’il n’y avait aucun danger réel, toutes les personnes impliquées ont pris la simulation très au sérieux et joué leurs rôles comme si la situation était vraie.

Dès que la simulation a commencé, l’énergie a monté d’un cran, les appareils ont commencé à biper, et tout le monde s’est mis au travail de façon très concentrée. Le groupe était subdivisé par paires de spécialistes qui jouaient des rôles précis et partageaient des tâches : un inhalothérapeute aidait à la ventilation pendant qu’un autre préparait l’équipement d’intubation; deux infirmières d’urgence enregistraient et préparaient avec soin chaque médicament qui était demandé, tandis qu’une autre infirmière apportait son aide au chevet du patient. Il y avait un bourdonnement incessant d’activité et de communication au sein des groupes mêmes et dans le plus grand groupe en général. Le Dr Hussein Wissanji, chirurgien pédiatrique et chef d’équipe en traumatologie (CET), a dirigé le groupe comme un vrai chef d’orchestre : il a imposé des moments de calme et réclamé d’un signe les données dont il avait besoin pour prendre des décisions immédiatement sur les soins à donner au patient, annonçant les étapes à venir et s’entretenant régulièrement avec la mère du patient.      

 

Le cheminement du patient jusqu’à l’USIP

La simulation a commencé dans la salle de réanimation – aussi connue sous le nom de salle rouge – à l’urgence, où sont traités les cas les plus graves. L’équipe comprenait deux urgentologues, trois infirmières d’urgence, deux inhalothérapeutes, un technologue en radiation médicale, un radiologiste d’intervention, deux anesthésiologistes, un travailleur social, un membre du service de soutien spirituel, un médecin et un résident en orthopédie, un stagiaire de l’unité de soins intensifs pédiatriques (USIP) et le chef d’équipe en traumatologie.

Une fois le patient stabilisé, il a été amené en tomodensitométrie pour examen, où on a pris la décision de le transférer au département de radiologie d’intervention pour traiter un saignement artériel; puis on l’a conduit à l’unité de soins intensifs pédiatriques où l’équipe de l’USIP a repris ses soins en main.


 

Prêt pour la réalité

L’objectif ultime de la simulation est d’améliorer les soins aux patients. L’exercice de la Dre Bank est censé reproduire le plus possible la vie réelle en faisant participer les membres de différentes disciplines qui seraient normalement impliqués dans la prise en charge de ce type de cas de traumatologie. L’idée est de s’entraîner à communiquer efficacement et donner aux professionnels l’occasion d’en apprendre plus sur l’expérience des autres, leur rôle au sein d’un département et leur façon de travailler. « C’est une occasion de partager un modèle mental et de s’exercer au transfert des soins pour que cela se fasse le plus harmonieusement possible quand une telle situation se produit dans la vie réelle », explique la Dre Bank. Toute la simulation et le débreffage qui a suivi ont été enregistrés, annotés et partagés avec le groupe, pour que les succès et les éléments à améliorer soient vus par tous ceux et celles qui y ont participé.

Le Dr Wissanji rapporte qu’un des aspects qu’il a le plus appréciés dans la simulation, ce sont les commentaires de la « mère ». « Ce sont des renseignements très précieux que nous avons rarement dans des cas de trauma de ce type », dit-il. Quand on lui demande s’il recommanderait à ses collègues de participer à la prochaine simulation, le Dr Wissanji n’hésite pas une seconde. « C’est en forgeant qu’on devient forgeron. Incontestablement, oui! »

 

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