Des résultats prometteurs pour le projet Hôpital intelligent

Le projet Hôpital intelligent en a fait du chemin depuis ses débuts en 2021. Visant à soutenir le développement de moniteurs de signes vitaux sans fil, le projet vient de terminer sa deuxième phase et les résultats semblent encourageants.

Le Dr Guilherme Sant’Anna et le Dr Wissam Shalish, néonatologistes à l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME) et scientifiques au Programme en santé de l’enfant et en développement humain de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), ainsi que Robert Kearney, professeur au Département de génie biomédical de l’Université McGill, sont les trois chercheurs principaux du projet Hôpital intelligent, le premier du genre au Canada.

Outre le soutien au développement de l’appareil comme tel, les chercheurs mènent une étude directement dans un environnement de soins, c’est-à-dire dans l’Unité de soins intensifs néonatals (USIN) de l’HME. Celle-ci a pour but de comparer les données recueillies par des capteurs de signes vitaux sans fil à celles recueillies par des électrodes filaires traditionnelles. L’apprentissage automatique et l’intelligence artificielle sont aussi utilisés pour analyser les données afin de soutenir l’équipe soignante et améliorer les résultats pour les patients.

Les plus récents développements du projet Hôpital intelligent ont été soulignés en septembre lors d’un symposium à l’auditorium de l’IR-CUSM, suivi d’une soirée cocktail au Centre Mont-Royal. Depuis 2021, le prototype a été testé sur 50 patients et ajusté au fil des essais. Sa forme est différente, il est plus doux et l’adhésif a été revu pour préserver la peau délicate des bébés prématurés. L’analyse des résultats se poursuit.

« Nous cherchons à nous assurer que l’utilisation de moniteurs sans fil est sécuritaire et réalisable, et que les données reçues sont exactes. Jusqu’ici, les résultats sont très prometteurs. J’estime que nous pourrions intégrer ces moniteurs dans nos soins cliniques d’ici deux ans », explique le Dr Sant’Anna.

Les chercheurs développent également un tableau de bord intelligent qui présentera des tendances graphiques. Une interface graphique avec un système de contrôle permet au personnel de l’hôpital d’observer l’état de tous les patients et de prendre les mesures appropriées. Ce tableau de bord comporte également une interface à l’intention des parents, présentant les données de façon à ce qu’ils puissent les comprendre.

« Ceci les aidera à communiquer avec l’équipe soignante », souligne le Dr Sant’Anna.

Une fois l’étude à l’USIN terminée, l’équipe s’attardera à évaluer les répercussions et les avantages de l’utilisation des moniteurs de signes vitaux sans fil. Une analyse coût/efficacité sera également réalisée.

Une révolution

À l’heure actuelle, les bébés gravement malades hospitalisés à l’USIN ont cinq à dix électrodes filaires collées à leur peau fragile. Ces dispositifs sont reliés à un mur de machines qui surveillent la respiration, la pression sanguine, le taux d’oxygène dans le sang, le rythme cardiaque, etc.

Bien que ces fils soient essentiels, ils présentent des inconvénients. Ils limitent les mouvements du bébé, augmentent le risque d’infection, peuvent endommager la peau délicate d’un nouveau-né en plus de compliquer les soins, le changement de couches et l’alimentation. Cette vieille technologie oblige aussi les infirmières à vérifier manuellement les signes vitaux de leurs patients à différents moments de la journée. De plus, l’enchevêtrement de fils complique la vie des parents qui veulent câliner et tisser des liens avec leur bébé malade.

En comparaison, les moniteurs de signes vitaux sans fil consistent en seul petit capteur. Le capteur transmet en permanence les signes vitaux du bébé à un ordinateur situé au poste de soins plutôt que dans la chambre du patient. Cette surveillance constante donne à l’équipe soignante une image plus complète de l’état de santé de l’enfant et permettrait d’alerter plus rapidement les infirmières et les médecins des changements dans l’état du patient, améliorant les soins et réduisant même la durée de l’hospitalisation.

Ultérieurement, la surveillance sans fil pourrait permettre à certains patients de rentrer à la maison tout en poursuivant le suivi de leurs signes vitaux à distance. Le capteur peut aussi mesurer d’autres signaux, comme les mouvements du bébé. Et bien sûr, sans tous ces fils, maman et papa peuvent facilement prendre leur bébé dans leurs bras !